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Budget 2015: le cinéma sauve ses aides

Fleur Pellerin a présenté son premier budget comme ministre de la Culture

Fleur Pellerin a présenté son premier budget comme ministre de la Culture - BFM Business

Le budget 2015 ne prévoit aucune ponction dans la cagnotte du CNC (Centre national du cinéma).

Les professionnels du cinéma poussent un soupir de soulagement. Ils ont réussi à préserver le budget du CNC (Centre national du cinéma). Le budget 2015 présenté mercredi 1er octobre ne prévoit aucune ponction dans l'opulente cagnotte du CNC (751 millions d'euros à fin 2013). Alors qu'au printemps, une ponction de 100 à 150 millions d'euros avait été évoquée par les Echos.

Autre victoire: l'établissement public percevra l'intégralité des taxes qui lui sont affectées. Autrement dit, même si ces taxes rapportent bien plus que prévu, l'excédent restera dans les poches du CNC, et n'ira pas dans les caisses de Bercy, comme cela se fait pour d'autres agences de l'Etat. 

Mieux: aucune ponction ni plafonnement ne sont non plus prévus ni en 2016, ni en 2017, indique le ministère de la Culture.

Le CNC joue les Calimero

Pour échapper aux prédateurs, le CNC a joué les Calimero. Il a expliqué que la taxe prélevée sur Canal Plus et les opérateurs télécoms rapportait bien moins que prévu. 

Précisément, le budget 2015 prévoit que cette taxe ne rapportera que 200,7 millions d'euros. Soit 70 millions d'euros de moins que prévu au budget 2014. Surtout, c'est bien moins que ce qui a été effectivement encaissé par le passé: 322 millions d'euros en 2011, puis 279 millions en 2012, puis 223 millions en 2013.

La taxe sur les télécoms rapporte moins que prévu

Interrogé sur cette chute, le ministère de la Culture fournit plusieurs explications. D'abord, un amendement a réduit en 2013 la contribution de Canal Plus de 10 millions d'euros. Surtout, la taxe sur les télécoms rapporte bien moins que prévu: "elle devrait rapporter 60 millions d'euros de moins que prévu en 2014 si l'on extrapole les rentrées déjà encaissées à ce jour". 

Reste que cette chute est très surprenante. En effet, depuis janvier 2014, cette taxe sur les télécoms a été réaménagée de façon à faire payer les opérateurs qui y échappaient, comme Free ou SFR. Autrement dit, la nouvelle mouture de la taxe, en faisant rentrer dans le rang les mauvais payeurs, était censée rapporter plus d'argent, et non moins! "C'est en effet contre-intuitif", admet-on au ministère de la Culture, qui ne s'explique pas lui-même cet étrange phénomène... 

Une explication est peut être que le CNC, par excès de prudence, minore le produit des taxes, comme il l'a toujours fait par le passé... "Les prévisions sur le produit des taxes apparaissent systématiquement sous-évaluées", dénonçait la Cour des comptes en 2012. 

Au final, le budget du centre s'établit à 663 millions d'euros, en recul de 5%. 

Rappelons que Bercy avait ponctionné 150 millions d'euros lors du budget 2013, puis 90 millions lors du budget 2014. Tandis que dans le budget 2012, la taxe sur Canal Plus et les télécoms avait été plafonnée, ce qui avait permis à Bercy de récupérer 50 millions d'euros.

Le CNC peuple les cabinets ministériels

Hasard ou coïncidence: depuis cet été, les conseillers chargés des médias à tous les niveaux de l'Etat viennent tous du CNC: Audrey Azoulay à l'Elysée, Guillaume Blanchot à Matignon, Aude Accary-Bonnery et Emilie Cariou au ministère de la Culture. Il est donc envisageable qu'ils aient défendu leur ancienne maison dans les arbitrages budgétaires...

Jamal Henni