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Budget : l'industrie va payer plus

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L'industrie a fait ses comptes : le secteur va payer plus d'impôts à la fin du quinquennat qu'au début.

L’industrie française reste vent debout. « Notre priorité, martèle Philippe Varin, ça reste la baisse des impôts de production ». D’autant que le président de France Industrie a fait ses calculs : alors que le secteur espérait une baisse de la pression fiscale sur l'ensemble du quinquennat, « la réalité, dit Philippe Varin, c'est qu’elle va augmenter… de 2 milliards d'euros ! » En cause : la fiscalité énergétique, qui augmente, et, justement, les impôts de production, qui continuent de progresser.

A elles seules, ces taxes - dont doivent s'acquitter les entreprises avant même d’avoir réalisé le moindre euro de bénéfice - pèsent aujourd'hui 80 milliards d'euros en France, soit 70 milliards de plus qu'en Allemagne.

« Certes, le budget 2019 contient des mesures intéressantes », reconnaît Philippe Varin, qui cite notamment la baisse de l'impôt sur les sociétés, ou la transformation du CICE en baisse de charges. « Mais ce n'est pas ça, martèle-t-il, qui permettra à l'industrie de rattraper son retard en matière de compétitivité ».

Des marges de manoeuvre limitées

Un avis que partage d’ailleurs le gouvernement. En mars dernier, Bruno Le Maire avait annoncé que Bercy allait étudier un allègement de la fiscalité de production. Un vaste chantier avait été lancé. Dans le viseur du ministre de l’économie : la contribution sociale de solidarité des sociétés (C3S), la cotisation foncière des entreprises ou encore la contribution sur la valeur ajoutée des entreprises (CVAE), toutes ces taxes qui empêchent les entreprises françaises de se battre à armes égales avec leurs concurrentes européennes.

Mais deux mois plus tard, Edouard Philippe avait douché les espoirs des entreprises : évoquant des marges de manœuvre budgétaire trop limitées pour 2019, le Premier ministre avait écarté toute nouvelle baisse d’impôts de production avant 2020.

Autre difficulté : le produit de ces impôts va en grande partie aux collectivités. Or on vient déjà de les priver de la taxe d’habitation. Le gouvernement sait donc que toucher à cette fiscalité revient à ouvrir une négociation avec les collectivités. Une difficulté que n’écarte par Philippe Varin, mais il insiste, « si l’industrie française n’est pas compétitive, ce sont de nouveaux déserts industriels que l’on risque de créer… les régions le savent ».

L’industrie réclame de la visibilité

A défaut donc d'avoir obtenu des avancées dans le budget 2019, le président de France Industrie veut obtenir une trajectoire pluriannuelle : « Il nous faut de la visibilité », dit-il. Concrètement, il propose une baisse des impôts de production de 22 milliards d'euros d'ici la fin du quinquennat, quasiment un tiers donc de ce qu'ils représentent.

Des amendements vont être déposés pendant le débat parlementaire. « On est bien conscient qu'ils ne passeront pas, les marges de manœuvre budgétaire ne le permettent pas », reconnaît-on. Illustration concrète d'ailleurs avec le rejet d'un amendement déposé par Eric Woerth dès l'ouverture des débats, amendement qui proposait de baisser la CVAE. « Au moins, on aura préparé le terrain pour 2020 ».

Maud AIGRAIN