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Vie de bureau

Bureaux: l'après confinement signera-t-il la mort de l'open-space?

Face à la pandémie de coronavirus, le monde de l'entreprise devra revoir en profondeur les espaces dans lesquels les salariés travaillent et évoluent.

Rien ne sera plus comme avant. Même si le monde de l'entreprise se prépare doucement au déconfinement, il faudra continuer à vivre avec le coronavirus et les gestes barrière encore un bon moment.

Un constat qui en appelle un autre: les espaces de travail dans les bureaux devront évoluer. Et le règne de l'open-space, ces espaces ouverts où travaillent sans séparation des dizaines de salariés, déjà chahuté ces dernières années (son impact négatif sur la productivité est désormais prouvé), pourrait toucher à sa fin. Une fin de règne par ailleurs alimentée par l'adhésion au télétravail des salariés confinés et la peur des salariés de recommencer à travailler dans ces espaces.

Jugé peu efficace, l'open-space fait maintenant peur

Une étude aux Etats-Unis réalisée pour Bospar montre qu'un peu plus de la moitié des personnes interrogées pensent que les open-space vont aggraver la propagation du virus. Et 41% pensent que l'open-space est un foyer d'infection.

Ils devront en tout état de cause accueillir moins de monde s'ils sont maintenus. Et si les entreprises décident d'aller plus loin dans la réorganisation, des pistes existent déjà.

Il y a l'approche américaine de l'open-space avec des postes de travail cloisonnés des deux côtés (bureaux de type "bullpen") et qui isolent les salariés les uns des autres. Avantage: les risques de contamination sont plus faibles. Inconvénient: cette organisation ruine toute possibilité de communication entre collègues. Pas idéal pour le travail d'équipe donc.

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Une des pistes souvent mise en avant serait celle du "flex-desk" (ou sans bureau fixe) où on compte moins de bureaux que d'employés, les bureaux étant occupés en fonction des plannings de chacun.

De quoi permettre "aux entreprises de réduire la surface de leurs espaces de travail. Cette stratégie peut permettre de s’installer dans un quartier plus central et mieux desservi, d'investir dans du mobilier et des équipements plus confortables ou encore d’organiser plus d’événements internes pour conserver la cohésion d'équipe," commente Frank Zorn, co-fondateur de Deskeo, une plate-forme de location de bureaux clé en main.

Du "flex-desk" au "dynamic office"

Mais cette approche ne suscite pas l'unanimité des salariés, loin de là. Le bureau étant souvent considéré comme un espace personnel, ne pas en avoir un attitré, fixe, est généralement mal vécu et l'efficacité s'en ressent.

D'ailleurs, certaines entreprises qui avaient mis en place cette organisation où l'espace de travail appartient à tout le monde et à personne à la fois, sont revenues en arrière. En fait, elle ne peut pas s'appliquer de manière globale, certaines fonctions peuvent le supporter, d'autres non.

Autre piste, le "dynamic office", qui allie flex-desk, division des espaces de travail (avec des espaces silencieux et bruyants), "bubbles" (bureaux individuels pour 2 à 4 personnes), salles de réunion, espaces créatifs, espaces de détente. Cette approche, encore peu répandue, semble atténuer les inconvénients de l'open-space et du flex-desk. Une adaptation du télétravail au monde de l'entreprise en fait.

S'inspirer du travail à la maison

"Les entreprises doivent davantage penser leurs espaces de travail comme des lieux de vie et s’inspirer de ce qui se fait à la maison. En télétravail, on apprécie de passer d’une pièce à l’autre tout au long de la journée. Commencer debout dans la cuisine pour organiser sa journée, s’asseoir à son bureau pour se concentrer, s’allonger sur le canapé pour favoriser la créativité, marcher sur le balcon pour parler au téléphone", explique Frank Zorn.

"On peut retrouver ce confort au bureau en proposant des espaces variés et confortables qui donnent envie aux gens de venir travailler. Les entreprises investissent souvent 10 fois plus dans les salaires que dans le bien-être de leurs collaborateurs. Or, c’est un très mauvais calcul. En “économisant” quelques dizaines d’euros par m2 en travaux et mobilier, on paye souvent la différence en termes de productivité" ajoute-t-il.

Olivier Chicheportiche