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Carlos Ghosn cède la direction exécutive de Nissan

Le patron de Nissan a décidé de prendre du recul pour se concentrer davantage sur l'alliance avec Renault. Il passe le relais à Hiroto Saikawa mais reste président du conseil d'administration.

Après avoir conduit les rênes de Nissan pendant 16 ans, Carlos Ghosn, a décidé de se mettre de les céder (en partie) pour se concentrer davantage sur l'alliance avec Renault qu'il ambitionne de porter au sommet de l'industrie automobile mondiale. Le dirigeant franco-libano-brésilien de 62 ans reste cependant président du conseil d'administration de Nissan, a annoncé le constructeur jeudi. À ce poste, "je vais continuer de superviser et guider l'entreprise", a-t-il déclaré, cité dans un communiqué du constructeur.

Le passage de relais à Hiroto Saikawa, qui sera effectif le 1er avril, n'est pas vraiment une surprise. Le dirigeant japonais, présent dans le groupe depuis 1977, avait déjà été promu co-PDG fin octobre, quand Mitsubishi Motors avait rejoint l'alliance Renault-Nissan. Hiroto Saikawa, qui préside aussi l'Association des constructeurs d'automobiles japonais et a été membre du conseil d'administration de Renault entre 2006 et 2016, exercera désormais seul le poste de patron exécutif sous la supervision de son mentor.

Son mandat de PDG arrivait à terme en juin

C'est une page qui se tourne pour Carlos Ghosn, arrivé en 1999 au Japon pour redresser Nissan puis nommé PDG en 2001. Surnommé le "tueur de coûts", il a transformé un groupe au bord de la faillite en une société très rentable au chiffre d'affaires annuel de près de 100 milliards d'euros, ce qui lui vaut une certaine vénération dans l'archipel.

Le moment est bien choisi: 2017 marque l'aboutissement de son plan à moyen terme "Power 88", son mandat de PDG arrivait à terme en juin, et ses ambitions, outre la direction du français Renault, sont désormais de bâtir une entité mondiale avec l'apport de Mitsubishi Motors, dont il a pris la tête du conseil d'administration. "Ce changement programmé va me permettre de consacrer plus de temps et d'énergie pour gérer l'évolution stratégique et opérationnelle de l'alliance ainsi que son expansion", a expliqué Carlos Ghosn.

"Il n'est pas homme à se reposer", décrit un de ses proches sous couvert d'anonymat. "Il aime être occupé. Il va peut-être s'éloigner un peu de Nissan, mais tant qu'il continue à représenter la compagnie l'impact sera limité", confirme Toshihiko Matsuno, analyste chez SMBC Friend Securities, contacté par l'AFP.

L'action Nissan ne perdait que 0,7% dans la matinée de jeudi à Tokyo, sur un marché en baisse.

Il garde les pleins pouvoirs chez Renault

Son emploi du temps devrait rester tout aussi chargé. Son agenda est aujourd'hui partagé entre le Japon, la France et les autres marchés des compagnies qu'il contrôle, tels que les États-Unis, le Brésil, la Chine et le Moyen-Orient, expliquait-il récemment dans une série d'articles biographiques publiés dans le quotidien économique Nikkei. Au Japon, avec un oeil sur Nissan (groupe qui compte 152.000 employés), Carlos Ghosn va tâcher de remettre sur pied Mitsubishi Motors (30.000 personnes), plongé l'an dernier dans un scandale de fraude.

En France, il garde les pleins pouvoirs chez Renault (120.000 salariés) à qui il vient de fixer un nouveau cap. Fort d'une activité et d'un bénéfice "record" en 2016 sur fond de vigoureuse progression des volumes et de la rentabilité, le constructeur français a annoncé de nouveaux objectifs à horizon 2022, avec un chiffre d'affaires de 70 milliards d'euros.

À la tête de l'alliance, née en 1999, il rêve de la première place mondiale, même s'il affirme que là n'est pas la priorité. Il met en avant la possibilité de générer des économies d'échelle potentiellement décisives dans un secteur à faibles marges. L'ensemble, qui inclut aussi le premier constructeur russe, Avtovaz (Lada), en grande difficulté mais qui commence à remonter la pente, a frôlé les 10 millions de véhicules (9,86 millions exactement) en 2016, se rapprochant de l'américain General Motors (10 millions d'unités), troisième derrière Volkswagen (10,3 millions d'unités) et Toyota (10,18 millions). Les groupes sont liés par des participations croisées: Renault possède 43,4% de son partenaire japonais et Nissan 15% de la firme de Billancourt. À cela s'ajoutent donc les 34% dans Mitsubishi qui assurent à Nissan le statut d'actionnaire de référence.

D. L. avec AFP