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Carrefour étudie un rachat de Casino

Le géant de la distribution Carrefour réfléchit depuis cet été à une offre de reprise de son rival, alors que son actionnaire et patron Jean-Charles Naouri a placé en procédure de sauvegarde judiciaire les sociétés contrôlant Casino. Carrefour hésite à lancer une offensive qui serait considérée comme hostile par Casino. Seules les banques de Jean-Charles Naouri pourraient le pousser à vendre son empire.

Carrefour lorgne toujours Casino. Le groupe dirigé par Alexandre Bompard n’a pas abandonné la partie. Selon plusieurs sources, Carrefour étudie depuis plusieurs semaines une offre sur son grand rival Casino. Au début de l’été, Carrefour réfléchissait à un rachat de la totalité du groupe Casino avec des cessions d’actifs et de magasins pour satisfaire l’autorité de la concurrence. C’est surtout la superposition des enseignes de commerce de proximité (Franprix, Carrefour Market…) qui pose problème. Mais Alexandre Bompard étudie cette problématique depuis un an.

Une offre publique d’échange (échanges d’actions) entre 4 et 4,2 milliards d’euros a été évoquée, soit 25% de plus que sa valeur fin juin. Une prime importante pour tenter de séduire les banques de Casino. Car nul doute que son PDG Jean-Charles Naouri rejetterait une offre de Carrefour. Il est pourtant en difficulté financière et a été contraint de placer, fin mai, ses sociétés (Rallye, Foncière Euris, Finatis et Euris) actionnaires de Casino en procédure de sauvegarde judiciaire. La première, Rallye, croule sous 2,9 milliards d’euros de dettes financières nettes à fin juin.

Kretinsky pour contrer Carrefour?

Mais la semaine passée, la situation a changé. Le milliardaire tchèque Daniel Kretinsky est entré chez Casino en prenant 4,63% de son capital, propulsant son cours de Bourse à 44 euros. Selon nos informations, une réunion entre les équipes de Carrefour, banquiers et avocats, s’est tenue le week-end dernier pour évaluer la situation. Ira, ira pas ? "Carrefour travaille toujours sur ce dossier mais hésite à lancer une offensive, nuance un proche du groupe. Casino a fait entrer Kretinsky pour contrer notre projet". Selon nos informations, le groupe pourrait améliorer son projet d’offre, autour de 48 euros, en ajoutant du cash. Contactée, la direction de Carrefour assure qu’"il n’y a pas d’offre sur la table", sans nier pour autant la tenue de "réunions régulières de ses équipes sur tous les sujets"… De son côté, celle de Casino n’a pas souhaité nous répondre.

Il y a un an déjà, Casino avait indiqué avoir été approché par son concurrent en vue d’un rapprochement, avant que Carrefour ne démente cette information dans un communiqué distinct.

Une offensive de Carrefour serait inévitablement considérée comme hostile par le PDG de Casino, Jean-Charles Naouri. Il faudrait alors que Carrefour s’assure du soutien, sinon de la bienveillance, des banques de Casino. Le Crédit Agricole, BPCE (Banque Populaire Caisse d’Epargne) et BNP Paribas sont les seules à pouvoir forcer la main de Jean-Charles Naouri. C’est la grande inconnue. "Carrefour n’a pas l’assurance que les banques de Casino pousseront Naouri à vendre", reconnaît un proche du groupe.

Faire monter les enchères

La première d’entre elles, le Crédit Agricole, semble pour le moment pragmatique. "On serait prêt à étudier une offre si elle permettait de rembourser les dettes de Rallye (la maison-mère de Casino, NDLR)", explique un proche de la banque verte. Dit autrement, Carrefour devrait proposer un rachat à 6 milliards d’euros pour que Rallye, actionnaire à 51%, éponge ses 2,9 milliards de dettes. Soit un prix équivalent à 55 euros par action… Un cours élevé pour Carrefour. De plus, plusieurs sources rapportent que les patrons de BPCE et BNP Paribas, semblent plutôt en soutien du PDG de Casino. Une position étonnante pour BNP Paribas alors que son patron, Jean-Laurent Bonnafé, est administrateur de… Carrefour !

Quoi qu’il en soit, la partie est loin d’être jouée pour le groupe dirigé par Alexandre Bompard. Le jeune PDG craint paradoxalement que son rival ne soit démantelé. "Bompard sait bien que Casino ne lui vendra aucun actif, décrypte un bon connaisseur du dossier. Sa seule carte à jouer est de tenter de tout racheter". Des cessions de certaines enseignes, comme Leader Price, ou de magasins ne profiteraient qu’aux concurrents Leclerc, Auchan ou Intermarché. Voire à faire entrer un nouvel acteur : l’allemand Metro donc le premier actionnaire est… Daniel Kretinsky, le nouvel actionnaire de Casino.