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Carrefour finalise la restructuration des ex-magasins Dia

249 des 273 magasins Dia concernés devraient purement et simplement fermer faute de repreneurs.

249 des 273 magasins Dia concernés devraient purement et simplement fermer faute de repreneurs. - Damien Meyer - AFP

Annoncé fin janvier, le plan de restructuration de la filiale proximité du géant de la distribution entre dans sa phase finale. Plus de 90% des 273 magasins concernés devraient purement et simplement fermer faute de repreneurs, selon les derniers chiffres de la direction

Le rideau va bientôt tomber pour les ex-magasins Dia de Carrefour. Le comité central d'entreprise (CCE) de Carrefour Proximité doit donner lundi son avis sur le projet, qui prévoyait la cession ou la fermeture de 273 des 352 magasins ex-Dia, dans le giron du groupe depuis 2014. Les 79 magasins restants vont passer en location-gérance.

Au final, et sans surprise, plus de 90% (249) des 273 magasins concernés devraient purement et simplement fermer faute de repreneurs selon les derniers chiffres de la direction ("23 offres fermes", un magasin déjà cédé). Un nombre qui "pourrait bouger à la marge", selon Carrefour qui insiste sur le "manque d'attractivité" de ces points de vente.

Un faible nombre de reclassements

En présentant son "plan de transformation" le 23 janvier, Alexandre Bompard, PDG du groupe depuis l'été dernier, avait pour objectif de reclasser "au moins" la moitié des 2.100 salariés menacés. Ce sera finalement beaucoup moins.

"Sur 316 demandes" de reclassement interne enregistrées pour l'instant, "89" ont été validées, "ce n'est pas suffisant", juge Cyril Boulay (FO). "Le processus est en cours", avec une "forte mobilisation" de la direction, assure Carrefour. Les salariés peuvent poser leur candidature jusqu'au 1er septembre mais, pour Cyril Boulay, "on n'atteindra pas" le millier de demandes, alors que "1.500 postes" sont actuellement ouverts dans l'ensemble des entités du groupe (hypermarchés, supermarchés, logistique...).

"une catastrophe humaine"

"On constate que beaucoup de salariés souhaitent s'inscrire" dans le plan de sauvegarde de l'emploi (PSE) pour "se reconvertir" et quitter Carrefour, ajoute le représentant syndical. Un mouvement qu'il explique notamment par les restructurations successives qu'ils ont subies au gré des changements d'enseignes (Ed, puis Dia, puis Carrefour) mais aussi par les "mutations" dans la grande distribution, avec la fin du modèle intégré.

S'il "ne conteste pas" le ras-le-bol des salariés, Sylvain Macé (CFDT) observe surtout que "pour reclasser les gens, il faut des postes attractifs". Il évoque des "propositions (de postes, ndlr) faites pour être refusées" et des blocages "sur le terrain". 

La CFDT n'a pas signé l'accord sur le PSE, avalisé par les syndicats FO, CFE-CGC et CFTC. "On a toujours mis en doute la capacité de reclassement, surtout dans un contexte" de "tension" sur les effectifs en magasins, souligne Sylvain Macé. La situation "confirme notre diagnostic de départ", dit-il.

"Les postes à pourvoir ne correspondent pas", estime aussi Philippe Allard (CGT), qui parle d'une "catastrophe humaine" avec des salariés "en pleurs, désabusés". La CGT, qui fustige un accord "au rabais", s'interroge aussi sur la prospection de repreneurs, "véritable recherche" ou "enfumage"?

2.400 postes supprimés dans les sièges du groupe

L'accord sur le PSE n'attend plus que l'aval de l'administration du travail (Direccte), avant fin juin, pour sa mise en oeuvre. Concrètement, les fermetures de magasins commenceront au 1er juillet et devraient s'étaler sur une quinzaine de jours, selon Cyril Boulay. Les salariés seront alors placés en dispense d'activité jusqu'au 1er septembre, date des licenciements.

Quant à la suppression, via un plan de départs volontaires (PDV), de 2.400 postes dans les différents sièges du groupe, l'accord est aussi en attente de l'homologation de la Direccte. Les candidats au départ pourront ensuite se faire connaître jusqu'au 1er novembre.

"Je ne sais pas si l'entreprise atteindra son objectif cible", dit Sylvain Macé. L'accord stipule qu'il ne peut être procédé à un plan de départs contraints sur le périmètre pendant deux ans.

Un garde-fou bien maigre selon la CGT. "Des services entiers vont être fermés. Si les gens n'acceptent pas" le PDV, "ils seront licenciés dans deux ans", affirme Philippe Allard.

L.M. avec AFP