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Ce contrat d'assurance récompense ceux qui soignent leur hygiène de vie

Les clients ayant souscrit au programme Vitality de Generali sont récompensés par des bons de réduction chez les partenaires de l'assureur comme l'enseigne Fitness First et ses 84 clubs en Allemagne.

Les clients ayant souscrit au programme Vitality de Generali sont récompensés par des bons de réduction chez les partenaires de l'assureur comme l'enseigne Fitness First et ses 84 clubs en Allemagne. - Fitness First

Generali lance en Allemagne un contrat de prévoyance assorti de réductions pour ceux qui acceptent que leur hygiène de vie soit contrôlée. L'assureur a prévu d'adapter cette offre en France. La ministre de la Santé Marisol Touraine n'est pas favorable à ce type de contrat.

Après l'assurance auto récompensant les bons comportements au volant, voici l'assurance prévoyance avec bonus selon les pratiques d'hygiène de vie. Generali a lancé en Allemagne son programme Vitality qui encourage les assurés "afin d'améliorer leur santé et leur bien-être à travers une gamme complète de produits santé et prévoyance".

Ce type de contrat, conçu en partenariat avec la société sud-africaine de services financiers Discovery, ne concerne pour l'instant que des formules couvrant le risque d'invalidité professionnelle et de prévoyance (assurance décès). Cette option reste facultative pour l'assuré et ne concerne que les nouveaux clients. 

Les "récompenses" prennent la forme de réductions accordées chez des partenaires de l'assureur en Allemagne: Adidas, Fitness First (chaîne de centres de remise en forme), Garmin (bracelets connectés pour sportifs), Weight Watchers (programmes alimentaires destinés à favoriser la perte de poids). Elles se traduiront aussi par des ristournes sur les primes d'assurances, de 11% à 16%. Aucun malus n'est prévu dans la formule de calcul de la prime.

L'assuré saisit ses données sur le site web d'une filiale allemande de Generali

La contrepartie de ces avantages implique la participation active de l'assuré. Celui-ci doit rendre compte scrupuleusement de son hygiène de vie. L'assuré s'engage à saisir sur Internet les événements témoignant de son comportement et de sa bonne volonté à agir en faveur de sa santé: visites préventives chez le médecin, assiduité aux séances de fitness. Une application mobile pour Android permet de transmettre les données sur le nombre de pas qu'il effectue chaque jour, sur le modèle de ce que Apple propose déjà sur ses iPhone avec son application Santé.

Pour l'assureur le but est clair: il s'agit de "personnaliser" la relation avec le client et de l’encourager à entreprendre des activités améliorant sa santé grâce à des interactions régulières et des programmes sur mesure. Une forme de coaching personnalisé sur sa santé, en quelque sorte.

Toutes les données personnelles de l'assuré sont collectées, via Internet et l'application mobile, par une société tierce "indépendante", Generali Vitality, qui reste une filiale à 100% de l'assureur. Generali affirme que la maison-mère n'a aucun accès aux données de sa filiale et qu'il ne reçoit de sa filiale que la "notation" de ses clients. En fonction des points obtenus par le plus ou moins grand respect du programme sur leur hygiène de vie, ceux-ci sont en effet classés de "bronze" à "or", voire "platine".

Ces affirmations suffiront-elles à rassurer le consommateur allemand sur l'étanchéité des données entre la filiale et sa maison-mère et sur leur confidentialité ? Pas sûr.

En France, des mutuelles remboursent déjà les objets de santé connectés

Après l'Allemagne, la France et l'Autriche sont les prochaines cibles de Generali. "Dans chacun des pays où le programme Vitality sera lancé, il fera l'objet d'une adaptation aux conditions locales du marché" avance prudemment l'assureur. Au-delà de la question liée à la confidentialité des données personnelles de l'assuré, c’est aussi le principe de cette assurance modulée selon le comportement ou le mode de vie, qui peut poser question.

Comme pour certaines assurances auto qui récompensent déjà les conducteurs "vertueux" dont le comportement est analysé par un boîtier connecté à bord du véhicule, les assureurs ont beau jeu d'avancer les arguments de la prévention en matière de santé et de l'incitation à adopter une hygiène de vie responsable.

En France, Pasteur Mutualité a déjà fait un petit pas dans l'incitation financière de ses clients à avoir une meilleure hygiène de vie. Il a lancé en 2015 un forfait de prise en charge d'objets connectés dans ses offres complémentaires santé.

En France, la ministre de la Santé a par avance fermé la porte aux assureurs qui souhaiteraient accéder aux données de santé des patients tout en se déclarant défavorable aux prises en charge conditionnées par les comportements des assurés (cf encadré ci-dessous).

Marisol Touraine ferme la porte de l'accès des assureurs aux données de santé

La ministre de la Santé, Marisol Touraine, a rappelé que la loi ne permettait pas aux assureurs d'accéder aux données de santé des patients. "L'Open data en santé (ouverture des données NDLR) impose des règles précises et j'ai fait le choix (...) dans la loi de ne pas permettre aux assureurs d'accéder de manière simple, sans filtre à ces données de santé, parce qu'il n'y a pas là des enjeux d'intérêt public", a souligné Marisol Touraine en marge d'une visite dans une start-up développant des services de suivi en ligne de patients. La ministre répondait aussi par avance au lancement en Allemagne par Generali du contrat proposant de payer moins cher si les assurés acceptaient que leur hygiène de vie soit surveillée. "En France, il n'y a pas de conditions mises à la prise en charge financière des patients et je ne souhaite pas qu'à l'occasion du développement des données de santé, certains assureurs viennent conditionner leurs remboursements par le respect de certaines pratiques de vie des assurés", a-t-elle conclu.

Frédéric Bergé
https://twitter.com/BergeFrederic Frédéric Bergé Journaliste BFM Éco