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Energie

Ce fermier péruvien vient de gagner une manche dans son combat contre un géant allemand de l'énergie

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- - Patrik Stollarz - AFP

La requête de ce paysan contre RWE, afin de déterminer sa responsabilité dans la fonte d'un glacier andin, a été jugée recevable par la justice allemande.

La justice allemande a franchi un pas inédit en acceptant ce jeudi d'examiner la requête d'un paysan péruvien contre le géant de l'énergie RWE pour déterminer sa responsabilité dans la fonte d'un glacier andin attribuée au réchauffement climatique.

La bataille entreprise par ce fermier "est recevable", a décidé la cour d'appel de Hamm (nord), en ordonnant une série d'expertises sur l'effet des émissions de gaz à effet de serre de RWE, alors que la même requête avait été d'emblée balayée en première instance.

Cette décision n'équivaut pas à donner raison à Saul Luciano Lliuya, agriculteur et guide de haute montagne, qui avait décidé en 2015 d'attaquer RWE en justice au motif que le groupe allemand est l'un des principaux émetteurs de gaz à effet de serre de la planète, bien qu'il n'ait aucune centrale au Pérou.

Un pas vers une "justice climatique mondiale"?

En faisant entrer la procédure dans la phase suivante, les magistrats allemands font néanmoins un pas dans la logique de "justice climatique mondiale", un concept politique qui obligerait le "Nord" polluant à dédommager les pays du "Sud" affectés.

"Le simple fait d'entamer les débats sur le fond, dans cette affaire, écrit une page d'histoire du droit", s'est réjouie Roda Verheyen, avocate du requérant, citée par l'ONG Germanwatch qui appuie toute la démarche.

Dans le détail, une série d'expertises doit déterminer l'éventuel lien de causalité entre les émissions polluantes de RWE et la fonte de gigantesques blocs de glace dans les Andes: transformés en lagunes, ils menacent d'engloutir Huaraz, la localité péruvienne de Saul Luciano Lliuya.

Ce père de deux enfants réclame le financement par RWE d'une partie des travaux de sécurisation contre les risques d'inondation de la communauté de Huaraz, capitale de la province de Ancash dans le nord du pays.

Il veut aussi le remboursement des 6300 euros de travaux effectués pour protéger sa maison contre la montée des eaux.

Y.D. avec AFP