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Ce milliardaire veut résoudre le problème de la pollution en Chine

Steve Jobs est l'un des modèles de Jia Yueting. Lors de ses présentations, il s'inspire du fondateur d'Apple pour s'habiller, communiquer ou présenter ses nouveautés.

Steve Jobs est l'un des modèles de Jia Yueting. Lors de ses présentations, il s'inspire du fondateur d'Apple pour s'habiller, communiquer ou présenter ses nouveautés. - Capture YouTube

Derrière Faraday Future, ce nouveau constructeur de voitures électriques, il y a Jia Yueting, le patron de Leshi TV, le Netflix asiatique. Ce milliardaire chinois de 43 ans voit les engins électriques comme une solution à la pollution et au dérèglement climatique.

Faraday Future a présenté au CES 2016 son concept car. On en sait désormais un peu plus sur les technologies que développe l’entreprise américaine. On en sait aussi plus sur l’un des investisseurs qui épaule le projet. Il s’agit de Jia Yueting, le patron de Leshi TV, un groupe technologique parmi les plus puissants d’Asie.

À 43 ans, cet entrepreneur est la 17e fortune de Chine avec 7,3 milliards de dollars et occupe la 41e place dans le classement Forbes des dirigeants de high-tech les plus riches du monde. Dès 2011, il est entré dans le cercle très fermé des milliardaires chinois de moins de 40 ans. Et au départ, rien ne le prédestinait à atteindre ce niveau.

Marquer l'automobile du futur de son empreinte

Jia est le troisième d'une famille chinoise de la classe moyenne. Son père est enseignant, sa mère reste au foyer pour élever les enfants. Le benjamin de la famille démarre sa vie professionnelle dans un centre des impôts, mais son envie d’entreprendre le pousse rapidement à se lancer dans les affaires.

D’abord dans l’énergie, puis, dès 2004, dans les nouvelles technologies avec Leshi Internet Information & Technology, surnommé le Netflix de l’Empire du Milieu, qui se déploie actuellement en Inde. En fait, ce groupe va plus loin que Netflix. En plus de la VOD, il propose des jeux vidéos, mais aussi des plateformes de e-commerce.

Leshi s'est aussi lancé dans le matériel sous la marque LeTV avec des smartphones, des tablettes, des téléviseurs connectés et même, depuis peu, un casque de réalité virtuelle qu'elle présente au CES de Las Vegas pour concurrencer ceux de Facebook (Oculus) ou Samsung.

Mais pour le dirigeant, la réussite ne peut se résumer aux affaires. Pour Jia Yueting, la pollution est un danger qui menace l'humanité. Il lance d'abord timidement un vélo connecté haut de gamme, mais son ambition va plus loin. Comme Elon Musk, fondateur de Tesla, il veut se faire un nom dans la mobilité du futur. Sur son blog, il indique clairement qu'il compte "construire les meilleures voitures électriques pour résoudre les problèmes de pollution de l'air et les embouteillages en Chine".

Il décide donc d’investir dans l’Américain Faraday Future. Et pour se faire connaître sans dire grand-chose, il use des mêmes techniques qu'Apple qui a fait du buzz l'outil de marketing le plus efficace qu'on n'ait jamais connu.

Car, comme beaucoup de dirigeants chinois, Jia Yueting est un admirateur des grands patrons américains des technologies, Steve Jobs en tête. Il va même jusqu'à imiter le cofondateur d'Apple dans les gestes, la tenue vestimentaire et la scénarisation des keynotes.

La boulette qu'il traîne aux États-Unis

Tout sourit donc à ce jeune milliardaire qui, malgré ce parcours idéal a commis une boulette qui a tout de même failli ruiner sa réputation aux États-Unis. En mars dernier, pour le lancement d’un smartphone sous Android, il publie sur son compte Weibo, le Twitter chinois, un dessin dans lequel Apple est comparé à Hitler et incite des enfants à entrer dans un édifice en forme d’iPhone. L’illustration doit accompagner une campagne de marketing qui présente Android comme une solution ouverte, face à un iOS fermé pour mieux rendre les clients captifs.

Il ne faudra pas plus de deux jours au milliardaire pour se confondre en excuses à travers un courrier envoyé à Cult of Mac, l’un des sites les plus fréquentés par la communauté Apple. Jia Yueting demande pardon pour ce parallèle et explique que son but était de faire la promotion des OS ouverts plus favorables, selon lui, aux utilisateurs et à l’innovation.

Est-ce pour cela qu’il a gardé le secret sur son investissement dans Faraday Future, laissant même courir le bruit qu’Apple était derrière ce projet? Ou bien a-t-il appris les leçons de marketing de Steve Jobs en ne disant rien pour laisser les autres en dire trop?

En tous les cas, la technique fonctionne. Faraday a réussi à se faire un nom avant même d'avoir montré la moindre technologie. Le constructeur a donc dévoilé un concept car au salon de Las Vegas, mais garde toujours le secret sur les autres investissements.

En revanche, ce que l’on sait, c’est la manière dont Faraday Future et l'équipe de Jia Yueting vont se répartir le travail. L’un sera chargé de la voiture, l’autre des fonctions embarquées. Le concept car de Las Vegas n’est en fait que la partie émergée d’un iceberg qui se prépare à bousculer l’industrie naissante de la voiture électrique.

Pascal Samama
https://twitter.com/PascalSamama Pascal Samama Journaliste BFM Éco