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Le médiatique patron français de LendingClub contraint au départ

Renaud Laplanche a dû rendre son tablier.

Renaud Laplanche a dû rendre son tablier. - Don Emmert – AFP

"Fondateur et dirigeant de cette société américaine de prêts en ligne, ce Français est accusé de ne pas avoir respecté les règles de sa propre entreprise."

Parce qu'il n'a pas respecté ses propres règles, le Français Renaud Laplanche se voit contraint à la démission de l'entreprise qu'il a fondé et fait prospérer. Le PDG de la société américaine de prêts en ligne LendingClub est accusé d'agissements contraires aux règles de fonctionnement qu'il a lui même édictées. Renaud Laplanche aurait notamment revendu à un seul investisseur 22 millions de prêts collectés par LendingClub.

À la suite de cette annonce, le titre de cette fintech introduite en Bourse le 11 décembre 2014 s'est effondré. L'action perdait ainsi 24,4% à 5,37 dollars dans les premiers échanges à Wall Street.

Un titre en souffrance 

LendingClub faisait partie des "start-up" les plus en vue à Wall Street ces derniers mois et s'était introduite en Bourse en fanfare en décembre 2014. Mais son titre a fortement souffert depuis et, avant même la chute de lundi, s'affichait déjà en forte baisse par rapport à son prix d'introduction de 15 dollars.

Renaud Laplanche, 46 ans, avait notamment été désigné parmi les 50 personnalités les plus influentes du monde économique en octobre, selon un classement établi par l'agence d'informations financières Bloomberg. Ce fils de commerçants varois, passé par HEC sera remplacé à la tête de LendingClub par Scott Sanborn, jusqu'ici président de ce groupe employant 1.350 salariés.

Ventes en deux étapes

Selon LendingClub, la démission de Renaud Laplanche fait suite "à une revue interne" sur la vente de prêts subprime à un seul investisseur, qui n'ont pas respecté les conditions que celui-ci avait fixées. "Si l'impact financier de cette vente de 22 millions de dollars de prêts est mineur, une violation des pratiques de l'entreprise ainsi qu'un manquement à révéler tous les détails de l'opération pendant son examen ne sont pas acceptables aux yeux du Conseil d'administration. En conséquence, le Conseil d'administration a pris des actions rapides et radicales et a autorisé d'autres mesures pour remédier à la situation", poursuit la société.

Ces ventes ont eu lieu en deux étapes, l'une en mars 2016 pour 15 millions de dollars et l'autre en avril pour 7 millions. LendingClub a ensuite racheté ces prêts pour les revendre à une autre investisseur. Certains éléments concernant l'identité des investisseurs impliqués dans cette transaction et leurs liens avec LendingClub n'auraient également pas été suffisamment explicités. LendingClub a fait cette annonce en présentant ses résultats pour le 1er trimestre qui se traduisent par un bénéfice net de 4,1 millions de dollars comparé à une perte de 6,4 millions de dollars sur la même période l'an dernier. Les octrois de prêts se sont eux élevés à 2,75 milliards de dollars, en hausse de 68%.

Le groupe a précisé que, compte tenu des évènements ayant abouti à la démission de Renaud Laplanche, elle préférait ne pas faire actuellement de prévision sur ses résultats à venir. LendingClub, basé à San Francisco, avait été à la fin 2014 le premier prêteur "alternatif" à se lancer dans l'aventure boursière. L'entreprise a été fondée en 2006 par Renaud Laplanche, un diplômé d'HEC et ex-champion de voile qui souhaitait mettre directement en contact prêteurs et emprunteurs sans passer par les lourdeurs du système bancaire. Le groupe gagne de l'argent en prélevant entre 1,11% et 5% de la somme prêtée, selon son site internet. Il impose aussi des commissions aux prêteurs auxquels elle promet un retour sur investissement allant de 4,7% à 7,5%

D. L. avec AFP