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Ce que coûte le piratage audiovisuel à la France

2,5 milliards de contenus ont été consommés illégalement l'an passé en France.

2,5 milliards de contenus ont été consommés illégalement l'an passé en France. - Joel Saget - AFP

Alors que 13 millions d’internautes français continuent à le pratiquer, le piratage de contenus aurait coûté 1,35 milliard d’euros en 2016, selon une étude publiée ce jeudi.

Le piratage de contenus audiovisuels s'est légèrement stabilisé en 2016 en France. Mais, le nombre d'adeptes reste impressionnant (13 millions d'internautes) et le manque à gagner colossal (1,35 milliard d'euros), selon une étude du cabinet EY publiée ce jeudi.

"Le piratage des contenus audiovisuels en France représente un coût économique et social significatif (État, créateurs, diffuseurs, salariés) et ne diminue pas malgré le développement de l'offre légale, d'où l'importance de renforcer franchement les actions pour accroître la lutte contre le piratage", notent les auteurs de l'étude.

Réinjecter ce manque à gagner dans l'économie légale pourrait générer plus de 2.000 emplois directs et encore davantage d'emplois indirects, rapporter 430 millions d'euros en recettes fiscales et sociales et générer 265 millions d'euros pour les ayants droit et le financement de la création, souligne l'étude. L'an dernier, 13 millions d'internautes français ont consommé des contenus vidéos de façon illégale, soit 27% des internautes, contre 30% en 2015, selon des chiffres de Médiamétrie utilisés par EY.

2,5 milliards de contenus consommés illégalement 

C'est le téléchargement qui arrive en tête (8,4 millions d'utilisateurs), suivi du streaming (6,8 millions) alors que le "peer to peer" (partage entre utilisateurs) recule (4,1 millions). Au total, 2,5 milliards de contenus ont été consommés illégalement, selon l'étude, qui estime que les secteurs les plus lésés sont les DVD, la VOD et la TV payante.

L'impact sur la fréquentation des salles de cinéma est limité, souligne l'étude, en revanche la menace est réelle pour les offres de rattrapage des chaînes gratuites, "fenêtre privilégiée de consommation de séries très piratées par les publics jeunes".

Pour lutter contre le piratage, EY estime que "la fermeture isolée de sites illégaux ne suffit pas", citant en exemple le cas du site très fréquenté Zone-Téléchargement, dont la fermeture n'a eu aucun impact sur les chiffres d'audience du piratage.

L'étude préconise la valorisation des offres légales, que 75% des utilisateurs se déclarent prêts à payer en l'absence d'alternatives illégales. Les auteurs estiment que les pouvoirs publics doivent jouer un rôle plus actif dans la lutte anti-piratage, avec des sanctions automatiques en cas de récidive, la généralisation des technologies de reconnaissance de contenus et l'amplification de la coopération européenne. Ils plaident aussi pour une plus grande collaboration entre ayants droit et intermédiaires techniques, notamment sur les technologies de marquage et de filtrage.

Au Royaume-Uni, l'industrie audiovisuelle vient d'obtenir des moteurs de recherche Google et Bing le déréférencement des sites pirate.

Y.D. avec AFP