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Ce que l'on sait de Molotov, ce "Netflix" français de la télé

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Le site créé par Pierre Lescure et Jean-David Blanc, le fondateur d'Allociné, devrait ouvrir partiellement son service d'ici le mois de mars. S'il sera gratuit dans sa version de base, son business model est basé sur des options payantes.

Molotov sait se faire désirer. Annoncé en juin dernier, le site qui devait initialement se lancer à l'automne 2015 ne devrait finalement être accessible que d'ici un mois ou deux. Et encore, pas pour tout le monde. Seuls ceux qui se sont pré-inscrits sur le site auront la chance d'utiliser le service qui sera ouvert dans un premier temps dans une version beta. Mais cela ferait tout de même beaucoup de monde. "Nous avons été surpris par le succès de ces pré-inscriptions, assure Jean-Marc Denoual, vice-président et co-fondateur de Molotov avec Pierre Lescure et Jean-David Blanc. Il y a un peu moins de 100.000 pré-inscrits, nous sommes dépassés." Avant de l'ouvrir au très grand public, les équipes techniques (une quarantaine de personnes) devront corriger les bugs.

C'est que l'attente est forte à l'image des ambitions très grandes de cette start-up française. Molotov n'est rien moins qu'une sorte de Netflix ou Spotify de la télévision. Le tout avec une interface de grande qualité et un contenu très complet. Et la version que BFM Business a pu tester tient ses promesses. Si effectivement quelques bugs subsistent, le site est très fluide et laisse une bonne impression d'ensemble. Sur la page d'accueil, on a d'abord accès au programme qui passe en direct sur les différentes chaînes. En scrollant vers le haut on remonte dans le passé (les replays) et vers le bas on voit les programmes à venir. Toutes les chaînes gratuites sont disponibles à l'exception notable de celles du groupe Canal (D8, D17, ITélé et Canal + en clair). Molotov "continue à discuter" avec le groupe de Vincent Bolloré et ne désespère pas de le convaincre une fois que le site sera lancé.

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Molotov permet donc sur une seule interface de regarder toutes les chaînes en direct, d'accéder au replay de tous leurs programmes (émissions, films, documentaires...) et de faire de multiples recherches thématiques (par nom, genre de programme, type de film ou encore par nom d'acteur ou d'animateur). Bien conçu, le site permet par exemple d'entrer dans un programme diffusé en direct et de le reprendre depuis le début.

Moins de 10 euros les options

Une option a particulièrement retenu notre attention et sera la clé de voûte du modèle économique du site: la possibilité d'enregistrer des programmes. Il suffit de cliquer sur la touche "bookmark" quand on regarde un programme (émission, film, série...) pour qu'il s'enregistre automatiquement. L'utilisateur pourra alors le regarder autant de fois qu'il veut. Des vidéos stockées en ligne sur les serveurs de Molotov (il faudra donc une connexion internet pour les consulter).

Mais la capacité de stockage sera limitée à quelques enregistrements pour la version gratuite. La start-up se financera en effet en vendant différentes options à moins de 10 euros par mois: heures de stockage supplémentaires, ou possibilité d'utiliser le service sur plusieurs écrans en même temps avec un seul compte. Elle commercialisera aussi un bouquet de chaînes payantes (Teva, Paris Première, TCM, chaînes cinéma, de sport...) pour moins de 20 euros par mois. En revanche, aucun service de vidéo-à-la-demande payant (à l'acte ou par abonnement) n'est envisagé. 

Si Molotov a d'abord développé une version pour PC, le service veut être disponible sur tous les écrans à son lancement: smartphone, tablette, mais surtout télé connectée. La start-up a signé avec Samsung et LG et est en négociation avec d'autres marques de téléviseurs. Elle envisage aussi une version pour clé Chromecast. 

En revanche, aucun fournisseur d'accès internet (FAI) ne sera de la partie. Les FAI ne voient pas d'un très bon œil l'arrivée de ce qu'ils considèrent comme un concurrent. "Il n'y a aujourd'hui pas de discussions avec eux", indique Jean-Marc Denoual, qui toutefois ne désespère pas de les convaincre. Ce qui permettrait au site de vraiment décoller. Aujourd'hui 42% des Français regardent principalement la télé via les box internet selon le CSA. Ce serait dommage de s'en priver.

Frédéric Bianchi