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Energie

Ce village breton consomme directement l'électricité qu'il produit (grâce à Linky)

Le village de Pénestin dans le Morbihan est passé à l'autoconsommation, notamment grâce aux fonctionnalités du compteur Linky.

Le village de Pénestin dans le Morbihan est passé à l'autoconsommation, notamment grâce aux fonctionnalités du compteur Linky. - Google Street View

Pénestin (Morbihan) redistribue à ses habitants et artisans l'électricité de panneaux solaires installés sur un centre municipal. Cette "autoconsommation" collective repose sur le (décrié) compteur Linky qui permet d'ajuster la production à la consommation pour chaque abonné.

À Pénestin, ville bretonne de 1800 habitants, l'électricité produite par des panneaux solaires est mise à la disposition des administrés. Ce sont 240 mètres carrés de panneaux installés sur la toiture des ateliers municipaux qui assurent la production photovoltaïque. Celle-ci peut alimenter en électricité des artisans de la zone d’activité et des particuliers, situés à proximité de cette source d'énergie renouvelable.

"Actuellement 10 consommateurs ont manifesté leur intérêt avec une mise en place progressive qui pourrait toucher à terme les 76 clients raccordés au réseau. Les artisans ont été très tôt associés au projet. Pour eux, le principal levier n’est pas forcément de payer moins cher l’électricité, mais de ne pas payer plus cher tout en consommant local", explique le maire Jean-Claude Baudrais, sur le réseau social Linkedin. Le coût a été de 38.000 euros environ d‘investissement, hors coûts annexes financés par la commune, estimés à 40 000 € environ.

Quatre projets d'autoconsommation collective en France

La ville participe à une expérimentation d’autoconsommation collective d’électricité photovoltaïque (baptisée Partagélec) dans le cadre d’un appel à projets national lancé par Enedis. Trois autres projets pilotes d’autoconsommation collective ont lieu à Forcalquier, Bordeaux et Perpignan.

Orchestrée par Enedis, chargée de l'installation de plus de 30 millions de Linky sur tout l'Hexagone, l'expérimentation permet aussi à cette filiale d'EDF de présenter son compteur communicant tant décrié, sous un jour meilleur.

"Linky est déployé depuis le mois d’avril 2017. Sans lui, l’opération n’aurait pas pu se faire, car il permet de collecter les courbes de charges de la production et de la consommation d’électricité de chaque participant. L’équilibre entre la production et la consommation est assuré par l’étude de courbes de charges que nous délivre le compteur Linky à un pas de temps de 30 minutes", souligne le maire de Pénestin. Pour faire coïncider offre et demande d'électricité, Enedis relève les données des compteurs communicants et calcule les quantités d’énergie nécessaires à la mise en œuvre de l’autoconsommation collective, à partir des courbes de charges et des clés de répartition communiquées par l'entité à l'origine du projet (la commune, ici).

Un filet de sécurité en cas de déséquilibre entre offre et demande

En cas de déséquilibre entre offre et demande d'électricité, "nous avons cependant fait appel à Enercoop afin d’assurer la responsabilité d’équilibre (via Alterna) et également la prise en charge d’un surplus dans les premiers mois de l’opération", explique le maire de la ville bretonne.

Quant au modèle économique, l'expérimentation d'autoconsommation collective de la la ville de Pénestin, a un objectif clair: "nous atteignons sur Partagélec un coût de production du kWh particulièrement compétitif du fait des efforts combinés des maîtres d’ouvrage". Autrement dit, l'installation a été optimisée pour que le coût du kWh produit en autoproduction soit égal au coût du kWh acheté sur le réseau (ce qu'ont appelle la parité réseau).

"Quand la production locale atteindra la parité marché, nous pourrons alors entrer pleinement dans une complémentarité locale/nationale, avec à la fois de l’approvisionnement en circuit court et une solidarité nationale. N’oublions pas qu’en Bretagne nous dépendons à 85% des imports pour notre consommation d’énergie", conclut le maire.

Frédéric Bergé