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Ces étonnantes éoliennes japonaises peuvent résister aux typhons

L'inventeur japonais Atsushi Shimizu  à côté de son éolienne à "effet Magnus".

L'inventeur japonais Atsushi Shimizu à côté de son éolienne à "effet Magnus". - Kazuhiro Nogi - AFP

Un inventeur japonais a mis au point un nouveau type d'éolienne capable de résister aux vents violents qui s'abattent fréquemment sur l'archipel.

Les éoliennes produisent de l'électricité grâce à la force du vent. Mais en cas de trop violentes bourrasques, des dispositifs de sécurité viennent bloquer le mouvement de leurs pales. Pour contourner cette situation et produire plus d'électricité grâce à la plus forte quantité d'énergie libérée dans de telles conditions, Atsushi Shimizu, un ingénieur basé à Tokyo (Japon) a développé un engin composé d'un pilier central entouré de trois cylindres.

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- © Kazuhiro Nogi - AFP

L'inventeur, âgé de 37 ans, s'est appuyé sur "l'effet Magnus", du nom de Gustav Magnus, un physicien allemand du 19e siècle, pour développer son équipement. Concrètement, grâce aux courants d'air et aux variations de pression exercées à leur pourtour, chaque cylindre permet de générer une force utilisée pour entraîner un générateur. L'été dernier, Atsushi Shimizu et son équipe ont testé, avec succès, un prototype doté d'une minuscule puissance (seulement 1 kilowatt) dans l'archipel méridional d'Okinawa, soumis à de puissants vents. 

D'autres éoliennes à effet Magnus existent déjà. Notamment celles du fabricant japonais Mecaro. Mais leur forme rappelle celle des éoliennes traditionnelles. Ces turbines sont, de fait, vulnérables à des vents très violents, dépassant les 150 km/h.

Le Japon mise sur d'autres sources d'énergie 

Fondée en 2014, la start-up Challenergy espère débuter la production en série d'engins de 10 kilowatts (kW) d'ici aux Jeux Olympiques de Tokyo en 2020. Elle nourrit aussi des ambitions à l'étranger, en particulier aux Philippines, à Taïwan et aux États-Unis. "Si nous sommes capables d'inventer une éolienne adaptée à l'environnement japonais, nous serons capables de les bâtir dans de nombreux autres endroits du monde qui ont un climat similaire", assure l'ingénieur, précisant qu'il s'agissait là du "rêve" de l'entreprise.

Au Japon, le vent ne contribue à la production d'électricité qu'à très modeste échelle (moins de 1%). Les vents capricieux et l'abondance de terrains vallonnés ne se prêtent pas aux éoliennes classiques à trois pales. En outre, la menace des typhons, qui peuvent réduire ces installations en miettes, est constante. "Selon des estimations, l'énergie éolienne a plus de potentiel ici que le solaire" avance cependant le chef d'entreprise.

Dans l'immédiat, le Japon mise plutôt sur le solaire pour élever la part d'énergies renouvelables dans son mix énergétique, l'accident nucléaire de Fukushima survenu en 2011 ayant porté un coup d'arrêt à l'énergie atomique. 

L'invention suscite le scepticisme de certains experts 

Plusieurs scientifiques émettent des réserves quant aux performances de ce nouveau type d'éolienne. "Une éolienne comme celle de Challenergy pourrait être très résistante par vents forts, mais étant donné qu'elle ne fonctionnerait qu'une partie de l'année nous ne savons pas si elle produirait plus d'énergie que les éoliennes traditionnelles" observe Izumi Ushiyama, de l'Institut de technologie d'Ashikaga.

En outre, comme les autres sources d'énergie renouvelables, leur fonctionnement dépend des conditions météorologiques. Aussi, elles ne sont pleinement utilisables qu'associées à un dispositif de stockage et de régulation de courant. Si des batteries de très grande capacité pouvaient effectivement être chargées le temps d'un typhon pour alimenter ensuite une région, l'intérêt serait notable.

A.M. avec AFP