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Ces hôtels urbains aménagent avec astuce des chambres pour famille

L'hôtel représente un investissement de30 millions d’euros sur la dalle Beaugrenelle à Paris, à proximité de la Seine et de la Tour Eiffel.

L'hôtel représente un investissement de30 millions d’euros sur la dalle Beaugrenelle à Paris, à proximité de la Seine et de la Tour Eiffel. - Yooma Hôtels

L'hôtel Yooma ouvre à Paris avec des chambres familiales hébergeant jusqu'à six hôtes. L'espace y est optimisé façon cabine de bateau, chaque lit ayant son intimité. D'autres concepts d'hôtels urbains veulent loger les tribus ou familles avec confort, design moderne et prix "doux".

Face aux locations entre particuliers et aux hôtels classiques, une nouvelle génération d'hôtellerie débarque pour bouleverser les codes de la profession.

"Il n’y a pas d'offre de qualité hôtelière et à prix abordable permettant de voyager en petit groupe, en famille ou entre amis. Pourtant, cette clientèle existe bel et bien et elle est solvable. Qui pense à eux à part Airbnb?" explique avec un brin de provocation Pierre Beckerich. Pour ce spécialiste de la gestion d'actifs immobilier, c'est la première incursion dans l'hôtellerie.

Son premier hôtel parisien qui ouvre ce week-end, loge 434 clients dans 106 chambres dont 70% offrent de 4 à 6 couchages. Le reste est constitué de chambres doubles. Il a été construit sur la dalle (située en hauteur) du quartier Beaugrenelle en front de Seine à 1 km de la Tour Eiffel. Cet établissement au design extérieur conçu par Daniel Buren, offre des tarifs variant de 150 euros pour quatre à 200 euros pour six voyageurs.

Son positionnement en prix a été pensé pour coûter moins cher (à Paris) que la réservation de deux ou trois chambres, aux familles ou groupes de 4 à 6 personnes.

"Si l’on veut proposer des tarifs intéressants, il faut être astucieux. Le mètre carré coûte cher à Paris" souligne Pierre Beckerich. Son établissement, qui a coûté 30 millions d'euros en tout, n'occupe que deux étages pour ses 106 chambres, dans un bâtiment de 4400 mètres bâti sur la dalle.

Dans des chambres de taille moyenne (les plus grandes offrent de 25 à 28 mètres carrés), l'aménagement des couchages s'inspire des cabines de bateaux, ce qui permet de densifier l'hébergement.

Au milieu de chaque pièce trône toujours un grand lit double (coulissant sur rail pour former des lits jumeaux) avec sur le côté des "pods" pour y loger les deux ou quatre hôtes supplémentaires de la chambre. Selon leur designer, Ora-ïto, "c'était la bonne solution pour exploiter l’espace au maximum et maintenir les tarifs au minimum, tout en participant à l’esprit ludique et vivant de l'hôtel"

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- © Les chambres de 4 ou 6 personnes disposent de Pods, avec leurs couchages superposés conçus comme des "cabanes" urbaines - Yooma Hôtels

Mais, toute ressemblance avec un dortoir d'auberge de jeunesse a été écartée. Les "pods" sont des couchages individuels superposés deux par deux. Conçus comme des cocons avec literie individuelle de 200x90 cm, ils sont tous dotés de volets coulissants, où chaque hôte dispose de son intimité, en plus d'une liseuse, de deux prises USB, d'une prise électrique et même de deux interrupteurs pour éteindre les lumières de la chambre. Tous les couchages sont dotés d'une literie présentée comme confortable.

Le modèle économique de cet hôtel new look repose sur un objectif de remplissage de plus de 80%, dépassant 90% dans l'idéal. "Au-delà de 75 à 80%, dans l'hôtellerie, le bénéfice marginal par chambre croît de manière exponentielle" commente Pierre Beckerich.

Ce franc-tireur de l'hôtellerie n'est pas toutefois pas le seul à bousculer les codes de la profession. Nombreux sont ceux qui s'adaptent à la clientèle des familles ou des tribus captée en ville par les plateformes comme Airbnb avec ses logements familiaux de particuliers au rapport qualité-prix attrayant.

Certains ont déjà revisité le concept d'auberges de jeunesse et ses dortoirs comme St Christopher's Inn, marque britannique, qui depuis 2008 a ouvert plusieurs établissements de types "hostels" dans Paris. Dès 2019, l’allemand Meininger compte ouvrir ses propres "hostels" dans la capitale à la porte de Vincennes.

Dans un genre différent tout en ciblant une clientèle haut de gamme mais tout aussi urbaine, la chaîne Yotel installe ses établissements dans les zones de transit des aéroports ou en ville (dans le quartier de Brooklyn à New York ou à Boston en juillet 2017). Son hôtel à Paris est installé dans l'aérogare Paris Charles-de-Gaulle au sein du terminal 2E.

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- © La chaîne Yotel a ouvert un hôtel de 80 "cabines" à l'intérieur du terminal 2-E de l'aéroport de Paris-Charles de Gaulle-Yotel

Les chambres des Yotel sont des "cabines" pour 2 ou 4 personnes puisque la chaîne a choisi de se focaliser sur la prestation liée à la nuitée, avec peu de services annexes (restauration). À l'intérieur de leur surface restreinte, proche d'une chambre d'un hôtel catégorie de 2 ou 3 étoiles, ces capsules bénéficient du confort de la literie, plutôt haut de gamme d'un ameublement du même acabit et d'un design avant-gardiste.

Ces nouveaux venus de l'hôtellerie urbaine ont contraint les acteurs historiques du secteur à réagir. Chez Accorhotels, la riposte a pour nom Jo&Joe. La nouvelle marque a ouvert un établissement à Hossegor dans les Landes mais prévoit d'ouvrir un établissement de 560 lits à Paris en 2018. Elle se distingue par ses prix abordables, ses chambres privatives et "dortoirs" accueillant jusqu'à 8/10 personnes, son design moderne et ses lieux de convivialité. Si sa contribution à l'activité d'AccorHotels risque à court terme d'être marginale, c'est son apport en termes d'image de tourisme jeune et festif qui importe pour le groupe hôtelier.

Frédéric Bergé
https://twitter.com/BergeFrederic Frédéric Bergé Journaliste BFM Éco