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Cet ado de 17 ans crée un magazine culturel pour les jeunes, "qui ne sont pas des imbéciles"

Ce nouveau bimestriel dédié à la culture pour les jeunes est vendu 90 centimes.

Ce nouveau bimestriel dédié à la culture pour les jeunes est vendu 90 centimes. - L'petit mardi

À 17 ans, Guillaume Benech a écrit plusieurs romans et a co-créé un magazine culturel à destination des jeunes diffusé en Normandie. Ce 12 septembre, il passe à la vitesse supérieure avec l'arrivée en kiosque de L'petit mardi, un magazine diffusé à 35.000 exemplaires et écrit par des adolescents.

Les jeunes sont hermétiques à la culture? Pour Guillaume Benech, cette affirmation est un non-sens. "L'envie de culture est présente chez la jeune génération, mais au sens large. Les jeunes sont connectés et ouverts à plein de sujets. Il faut casser les clichés qui les font passer pour des gens paresseux, qui ne s'intéressent à rien", explique le jeune Rouennais âgé de 17 ans.

Guillaume Benech parle d'expérience, lui qui a déjà écrit plusieurs romans et qui à 12 ans, a lancé avec une amie L’petit mardi, un magazine culturel sur Internet. Face au succès, le magazine a ensuite été décliné en format papier et diffusé en Normandie. "Avec 28 euros de budget, destiné à payer l'hébergement du site, ce magazine a rencontré un beau succès d'estime avec 3000 à 4000 lecteurs par numéro. Et cela par le seul fait du bouche à oreille", détaille ce jeune passionné de littérature.

35.000 exemplaires diffusés en kiosque

Ce mardi, il passe à la vitesse supérieure avec l'arrivée en kiosque de L'petit mardi Magazine, diffusé au niveau national. 35.000 exemplaires ont été tirés. Ce bimestriel de 52 pages est vendu 90 centimes. Il est également disponible sous forme d'abonnement numérique pour 2,99 euros par an.

La ligne éditoriale de L'petit mardi magazine, qui vise un public âgé de 15 à 35 ans: le cinéma, la mode, l'Histoire, l'actualité, les séries TV… en alternant des infos légères avec des articles de fond. "On a une approche différente de ce que peuvent proposer Libé ou Télérama. Pour intéresser les jeunes, on a besoin d'un esprit novateur. On veut casser les préjugés: non, les jeunes ne sont pas des imbéciles", s'enflamme Guillaume Benech. Hors de question de s'affranchir d'un certain niveau d'exigence rédactionnel. "Notre ligne éditoriale veut désacraliser la culture avec un ton jeune. Mais sans verser dans le familier, on veut avoir une jolie plume", souligne-t-il.

Le papier n'a pas disparu de la vie des adolescents

Guillaume Benech estime également que miser sur un magazine au format papier, alors que les ventes des plus grands titres déclinent, n'a rien d'insensé. "On dit que les jeunes sont collés en permanence sur leur téléphone. Mais il ne faut pas croire que le papier ait disparu de leur quotidien. Ils sont en contact au travers des livres scolaires, au travers des notes de cours, ou encore quand ils doivent passer des examens", fait-il savoir.

Mais il faut aussi assouvir leur soif de nouveauté. Le magazine s'enrichit donc de contenus proposés en réalité augmentée afin d'offrir une nouvelle approche de lecture et de découverte. "Une application permet d'accéder à des contenus supplémentaires, comme des bandes annonces. Pour le moment ce sera de l'agrégation de contenu, mais dans un second temps, pourquoi pas des contenus inédits comme des interviews", prévoit le jeune auteur.

De jeunes rédacteurs

Pour concevoir ce magazine, Guillaume Benech est entouré d'une équipe de 18 rédacteurs, âgés de 16 à 19 ans, rémunérés à la pige. Une partie d'entre eux participaient déjà à l'ancien magazine. Certains sont d'anciens lecteurs qui ont manifesté leur envie de prendre part à l'aventure. "Ils viennent d'horizons variés: certains sont étudiants au cours Florent, d'autres sont à Science Po. Nous avons aussi des lycéens qui ont le journalisme pour passion. Certains sont en train d'en faire leur métier, puisqu'un de nos rédacteurs qui fait partie de l'aventure depuis 3 ans intègre à la rentrée l'ESJ de Lille".

La jeune équipe dispose d'une trésorerie de 10.000 euros. Un budget qui ne lui permet pas de s'offrir une campagne de communication: elle mise donc tout sur la viralité. Pour se développer, le magazine mise sur les revenus publicitaires, dont les espaces sont gérés par la régie du groupe Courrier cadres. "Peu de gens y croient, mais la régie se bat", fait valoir Guillaume Benech. Son emploi du temps s'annonce bien chargé: il entre en classe de terminale, et souhaite l'année prochaine intégrer Science Po Paris. Son avenir il le voit dans l'entrepreneuriat "à fond". À 17 ans, il a déjà acquis une belle expérience. 

Coralie Cathelinais