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À la tête d'une fortune colossale, cet homme s'habille aux puces

Le fondateur d'Ikea a reconnu à la télé suédoise que s'habiller aux puces lui permettait d'économiser de l'argent.

Le fondateur d'Ikea a reconnu à la télé suédoise que s'habiller aux puces lui permettait d'économiser de l'argent. - Anna Littorin - AFP

"Alors qu'il possède un patrimoine estimé à plus de 65 milliards d'euros,Ingvar Kamprad, le fondateur d'Ikea, vient de confier à la télé suédoise qu'il ne portait que des vêtements de seconde main pour faire des économies."

On savait que le fondateur d'Ikea était radin mais sa dernière confidence à la télé suédoise dépasse tout ce qu'on pouvait imaginer. Ingvar Kamprad, dont la fortune est estimée à plus de 65 milliards d'euros, a expliqué dans un documentaire diffusé mercredi soir en Suède qu'il s'habillait sur les marchés aux puces pour faire des économies.

"C'est dans la nature du Småland [la région agricole du sud de la Suède où il est né, ndlr], je crois, d'être économe", a-t-il affirmé à la chaîne suédoise TV4. "Si vous me regardez, je pense ne rien porter qui n'ait pas été acheté à un marché aux puces. Cela implique que je veux montrer un bon exemple, et pas seulement parler de contrôler les coûts", a-t-il illustré.

Ingvar Kamprad, qui fêtera ses 90 ans le 30 mars, a toujours assumé son souci maniaque de dépenser le minimum, qui explique en bonne partie comment le commerce qu'il a monté dans la campagne suédoise en 1943 est devenu numéro un mondial de l'ameublement. Il roule ainsi au volant d'une Volvo sans âge, prend régulièrement le bus, vit dans un modeste pavillon et fait ses courses au supermarché local.

Et pourtant, selon une estimation parue dans la presse suédoise, sa fortune atteindrait des sommets. Il serait à la tête de 610 milliards de couronnes (plus de 65,5 milliards d'euros). Mais il est difficile de séparer ce qui lui appartient en propre, ce qui revient à ses enfants, et ce qui est cantonné dans une fondation familiale. Le magazine Forbes ne le met plus dans son célèbre classement, où il a été 4e en 2006.

"Nous savons qu'un sou est un sou"

Si la pingrerie d'Ingvar Kamprad a été à l'origine d'idées lucratives, comme la généralisation du meuble en kit emballé à plat pour gagner du volume, elle a revêtu des aspects plus sombres. L'entrepreneur a consacré beaucoup d'énergie à fuir les impôts, d'abord en quittant la Suède fiscalement tout en y laissant le coeur de l'entreprise Ikea, puis en montant une structure complexe et opaque qui permet de limiter l'imposition des bénéfices, envoyés aux Pays-Bas, au Luxembourg, en Suisse et au Liechtenstein. En France, l'enseigne économiserait des millions d'euros d'impôts grâce à ses montages.

En 2014, il a vendu sa villa d'Épalinges (Suisse) près du lac Léman pour revenir dans son Småland natal. Le journaliste de TV4 qui l'a interrogé vient de la même région, traditionnellement pauvre et pieuse, qui est le principal thème du documentaire. "Nous avons le Småland dans les veines et nous savons qu'un sou est un sou, même s'il ne vaut pas autant que quand on achetait des bonbons et qu'on allait à l'école primaire", lui a lancé Ingvar Kamprad.

Frédéric Bianchi avec AFP