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Cette enquête interne qui fait trembler la direction d'EDF

Entre 2012 et 2016, la part des salariés d'EDF qui ont confiance en l'avenir de leur entreprise est passée de 81% à 53%. Les résultats de cette enquête interne ont sonné la direction. Ils n'ont jamais été rendus publics. BFM Business les dévoile en exclusivité.

Les salariés d’EDF n’ont plus confiance dans leur entreprise. C’est le résultat choc d’une enquête interne, commandée par la direction du groupe, dont BFM Business s'est procuré une copie. Tous les ans, depuis 2012, ce sondage grandeur nature permet de prendre le pouls des 143.000 salariés que compte le groupe dans le monde. Cette année, il a été réalisé entre le 20 septembre et le 21 octobre dernier. Et ses résultats sont sans appel.

Alors qu'en temps normal, le taux de participation à cette enquête baptisée "myEDF" se limite à deux salariés sur trois, cette année, ils sont 78% à avoir pris soin de répondre aux questions posées. Preuve que le corps social de l’entreprise a besoin d’exprimer ses doutes. 53% seulement des salariés ont encore confiance dans l'avenir d'EDF, contre 74% en 2015 et 81% en 2012… Un séisme. La fierté du corps social a toujours été le ciment de cette entreprise.

L'inquiétude est palpable dans toutes les catégories de salariés et dans toutes les filiales. "Du jamais vu" lâche, désespéré, un dirigeant d’EDF. Il y a d'abord les agents de maîtrise qui ne sont que 48% à rester optimistes pour l’avenir du groupe. Mais même les cadres, traditionnellement fidèles à la direction du groupe, sont en proie au doute. Tout juste 53% d’entre eux croient encore dans l'avenir d'EDF contre 78% l’an passé. Le désarroi touche même les cadres supérieurs.

Rupture entre le PDG et ses cadres

Cette enquête constitue un camouflet pour le PDG du groupe, Jean-Bernard Levy, très critiqué en interne, tant par la base que par les cadres dirigeants. Au printemps dernier, ceux-ci avaient manifesté leur opposition au projet des deux EPR britanniques d’Hinkley Point. Il se dit d’ailleurs en interne qu'entre le PDG et ses cadres, la rupture est consommée.

Les conclusions de l’enquête sont nettes: "Tous les composants de la confiance sont affectés à l’exception de la relation hiérarchique, lit-on. Les entités françaises du groupe sont principalement touchées". Le choc est le plus lourd au sein du parc nucléaire français, le cœur d’EDF, qui a subi l’arrêt de près de vingt réacteurs cet automne. Moins de la moitié (48%) des 20.000 salariés de cette division affichent encore leur confiance dans EDF, contre près de 80% l’an passé. Le résultat chute même à 42% chez les salariés d’Enedis, l’ex-ERDF, en contact direct avec les clients sur le terrain.

Matthieu Pechberty