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Changement climatique: une nouvelle étude évalue les co-bénéfices pour trois grands pollueurs

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- - Ermal Meta - AFP

Dans un nouveau rapport, New Climate Institute fournit une évaluation critique des coûts et des bénéfices de l'adaptation énergétique dans les secteurs de l’emploi, la santé publique et l’indépendance énergétique pour l’Europe, les États-Unis et la Chine.

Le changement climatique pose un défi majeur au développement économique et social. La réduction des émissions de gaz à effet de serre doit être accompagnée de mesures incitatives à l’adaptation aux impacts du changement climatique. Dans ce contexte, la problématique des coûts et des bénéfices de l’adaptation présente progressivement un intérêt autant dans le cadre des projets menés sur le terrain que dans celui de la coopération pour le développement et des négociations internationales.

Une nouvelle étude réalisée par le NewClimate Intitute et commandée par Réseau Action Climat comptabilise les co-bénéfices supplémentaires qui pourraient être obtenus par la Chine, les États-Unis et l’Europe en allant plus loin que leurs offres initiales.

Si les trois grands pollueurs annonçaient des engagements conformes à une transition énergétique vers 100% d’énergies renouvelables d’ici 2050, ils créeraient jusqu'à 3 millions d’emplois supplémentaires d’ici à 2030 et épargneraient 2 millions de vies, sauvées des impacts néfastes liés à la pollution de l’air. 

De plus, ils économiseraient aussi jusqu'à 520 milliards de dollars d’importations de combustibles fossiles chaque année. Si tous les pays prenaient des engagements comparables, la température moyenne du globe resterait sous le seuil de 2°C. Au-delà de ce seuil, les scientifiques prévoient de lourdes conséquences climatiques, rappelle le rapport. 

“Cette nouvelle analyse montre aux gouvernements qui préparent leurs plans d’action pour le climat les bénéfices substantiels qu’ils pourraient obtenir en poussant au maximum leur niveau d’ambition" déclare Niklas Hohne, directeur de l'institut NewClimate et auteur de l'étude.

Réduction de GES: les co-bénéfices pour l'Europe

Pour arriver unis à la conférence de Paris, les pays européens ont défini une stratégie énergétique commune: le "paquet énergie-climat 2030" qui a été adopté en octobre 2014 par les chefs d’Etat des vingt-huit Etats membres de l'Union européenne. Les ministres européens devraient affiner les détails de cette contribution avant de la soumettre à la Convention de l’ONU sur le climat.

Résultat: l’Europe s'est fixée comme objectif une réduction de gaz à effet de serre (GES) d’au moins 40% d’ici à 2030 par rapport au niveau de 1990.

Si l'UE renforçait sa INDC (contributions déterminés au niveau national) encore pour répondre à l'objectif du 2°C, il pourrait atteindre des co-bénéfices en plus de ceux déjà réalisés par le INDC suivante:

> Economies des coûts des importations de combustibles fossiles: 140 milliards de dollars par an.

> Prévention de l'ordre de 40.000 décès prématurés chaque année à cause de la pollution de l'air.

>Création de 350.000 emplois verts dans le secteur de l'énergie renouvelable.

Et si les économies chinoise et américaine s'adaptaient au changement climatique?

Seuls l’Union européenne, le Mexique, la Norvège et la Suisse ont dévoilé leurs objectifs de réduction de gaz à effet (GES) de serre pour après 2020. A quelques mois de la 21ème conférence sur le climat à Paris, la majorité des grands pollueurs n’a pas encore franchi cette étape clé.

Comme les deux premiers pollueurs de la planète, la Chine et les Etats-Unis, qui représentent à eux seuls 42% du total des émissions de CO2. Une annonce des Etats-Unis est attendue dans la journée. Elle devrait reprendre et détailler les engagements pris en novembre par Washington et Pékin: une réduction de GES 26% à 28% à l’horizon 2025 par rapport à 2005 pour les Américains.

En attendant cette annonce, le rapport révèle que "la Chine doit renforcer sa INDC" pour respecter l'objectif de la communauté internationale: maintenir la hausse globale des températures sous le seuil de 2°C afin de limiter les impacts du changement climatique. 

Le rapport souligne également une croissance économique de la Chine dans le secteur de l’énergie renouvelable avec la création de 1.400.000 emplois verts.​

Tout comme la Chine, l’étude dévoile un scénario favorable pour les Etats-Unis, s’ils "renforcent leur INDC":

> Economies des coûts d’importation de pétrole dans le secteur des transports équivalent à 160 milliards de dollars chaque année.

> 20.000 de décès liés à la population de l’air serraient évités.

> Création de 180.000 emplois verts dans le secteur des énergies renouvelables.​

Les contributions annoncées apporteront des bénéfices substantiels, mais ces derniers seraient bien plus importants en adoptant des politiques plus ambitieuses compatibles avec l’objectif (mondialement accepté) de +2°C à fin 2100, comme en déduit le rapport.​

Khadria Fouad-Djama