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Cinéma: le CNC veut limiter les cachets des stars

Les cachets des stars avaient provoqué une vive polémique au sein du septième art français.

Les cachets des stars avaient provoqué une vive polémique au sein du septième art français. - Fred Dufour - AFP

Le Centre National du Cinéma a décidé de ne plus subventionner les films dans lesquels les salaires des acteurs dépasseraient un certain pourcentage du coût de production. Le but de la mesure est de freiner l'inflation des cachets.

Décembre 2012: le producteur Vincent Maraval lâche une bombe. Dans une tribune publiée dans Le Monde, il affirme que les acteurs sont trop payés. "Les acteurs français sont riches de l'argent public et du système qui protège l'exception culturelle", écrit-il.

Deux ans après ce texte qui avait déclenché une importante polémique dans le monde du septième art français, le CNC passe enfin à l'action.

Le Centre national du Cinéma a ainsi décidé de prendre une mesure pour encadrer les salaires des stars, comme le révèle les Echos de ce mercredi 3 décembre. Vendredi 28 novembre, le CNC a ainsi "entériné une modification de sa politique de soutien dont bénéficient les producteurs de films", indique le quotidien économique.

En clair: si la rémunération d'une star, qu'elle soit actrice, productrice ou encore scénariste, dépasse un certain pourcentage du coût de production, le film ne pourra plus bénéficier des aides publiques.

Un cachet plafonné à 990.000 euros

"Cette disposition ne vise pas à empêcher les très fortes rémunérations. Mais, si c’est le cas, le producteur devra aller chercher des financements ailleurs", explique un spécialiste cité par le quotidien économique.

Ce pourcentage serait dégressif selon le budget du film. Si le coût de production de l'œuvre est compris entre 7 et 10 millions d'euros, par exemple, le cachet de la star ne pourra dépasser 5%.

Au-delà de 10 millions d'euros, le CNC fixe une rémunération maximale de 990.000 euros.

Un changement de ton du CNC

Cette décision du CNC incarne une inflexion sensible. L'établissement public avait auparavant préféré tenter de calmer les passions dans ce débat. "Il est faux de dire que les acteurs sont surpayés. Les cachets des acteurs représentent entre 7 et 8% du budget des films. Et ce chiffre a très peu varié depuis 10 ans, il a même baissé après un pic à 8,6% en 2006", assurait Eric Garandeau, alors président du CNC, en janvier 2013. Aurélie Filipetti, alors ministre de la Culture, était sur la même ligne. "Certains sujet relèvent de l'auto-régulation professionnelle", jugeait-elle, citant justement "le calibrage du salaire des acteurs".

Pourtant, en janvier 2014, un rapport rédigé par René Bonnell, spécialiste de l'économie du Cinéma, avait mis en lumière la hausse des salaires des stars. Ainsi, le "volume financier" affecté aux têtes d'affiches était passé de 49 millions d'euros en 2011 à 63,5 millions d'euros en 2012.

"Les comédiens vedettes français n’ont qu’une célébrité hexagonale. Comparés à eux, leurs homologues anglo-saxons, connus à l’échelle mondiale, devraient bénéficier de cachets deux à trois fois plus importants", jugeait alors René Bonnell.

J.M.