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Climat: une baisse de la production agricole causerait 500.000 décès

Le réchauffement climatique pourrait, en réduisant la productivité agricole provoquer plus de 500.000 décès supplémentaires. (image d'illustration)

Le réchauffement climatique pourrait, en réduisant la productivité agricole provoquer plus de 500.000 décès supplémentaires. (image d'illustration) - Lionel Bonaventure - AFP

La revue scientifique "The Lancet" vient de publier une étude évaluant l'impact du réchauffement climatique sur la productivité agricole. Une nouvelle menace pour les pays du Sud.

"Le changement climatique va entraîner des effets sur la santé". En novembre 2015, le professeur Robert Barouki, enseignant à l'université Paris-Descartes et chercheur à l'Inserm faisait cette mise en garde sur le plateau de l'émission "Votre santé m'intéresse", diffusée sur BFM Business.

Dans leur étude, mise en ligne ce jeudi 3 mars, des scientifiques ont évalué - pour la première fois - l'impact d'une réduction de la productivité agricole sur la santé. Réalisés sous la direction de Marco Springmann, les travaux de ces chercheurs indiquent que ce phénomène pourrait "provoquer plus de 500.000 décès supplémentaires en 2050 dans le monde". 

Une nouvelle estimation qui vient s'ajouter aux prévisions de l'Organisation Mondiale de la Santé. Selon cette branche de l'ONU, les changements climatiques pourraient "entraîner 250.000 décès supplémentaires par an, entre 2030 et 2050". 

Moins de nourriture disponible 

Dans un communiqué, Marco Springmann, par ailleurs membre de l'Université d'Oxford, au Royaume-Uni, souligne que de nombreuses recherches se sont penchées sur la sécurité alimentaire, "mais peu se sont concentrées sur les effets en matière de santé" publique. Aussi, le scientifique estime que "si aucune mesure n'est prise" pour réduire les émissions de gaz à effet de serre, le changement climatique pourrait réduire "d'environ un tiers", l'amélioration prévue de la quantité de nourriture disponible. 

Au niveau individuel, cela se traduirait par une diminution moyenne de 3,2% de la quantité de nourriture disponible, de 4% de la consommation de fruits et légumes et de 0,7% de celle de viande rouge, par rapport à 2010. Inversement, dans un scénario sans changement climatique, l'accroissement du volume de nourriture disponible à l'horizon 2050, pourrait empêcher 1,9 million de décès. 

Les pays à faibles revenus plus particulièrement touchés

"Notre étude montre que, même des baisses modestes de la quantité de nourriture disponible par personne pourraient conduire (...) à des conséquences importantes pour la santé" détaille encore le scientifique. 

Ainsi, les pays les plus touchés seraient ceux disposant des revenus les plus faibles. Les citoyens de la région du Pacifique ouest et d'Asie du Sud-Est seraient particulièrement atteints, tout comme ceux de Chine et d'Inde, deux territoires où se concentreraient les trois quarts des décès. Mais quel que soit le lieu, les chercheurs concluent que "la consommation réduite de fruits et légumes pourrait faire deux fois plus de morts que la sous-alimentation". 

A.M. avec AFP