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CO2 : les émissions automobiles continuent d'augmenter en Europe

Malgré les investissements et les progrès en termes de dépollution et d'électrification, les taux moyens d'émissions de CO2 automobile augmentent encore en 2018 en Europe.

Malgré les investissements et les progrès en termes de dépollution et d'électrification, les taux moyens d'émissions de CO2 automobile augmentent encore en 2018 en Europe. - THOMAS KIENZLE / AFP

L'association Européenne de l'Environnement (EEA) constate une hausse d'1,6% des émissions de CO2 en 2018, avec la baisse des ventes de diesel et la hausse de celles des SUV.

2ème année consécutive de hausse... et une inquiétude qui grandit chez les constructeurs. En 2018, les émissions moyennes de CO2 (calculées sur les ventes de voitures neuves), ont encore augmenté d'1,6%, une nette accélération après déjà 0,8% en 2017. La moyenne actuelle s'établit donc à 120,4 grammes au kilomètre, selon l'EEA.

Une remontée assez claire, après une période de baisse marquée qui aura duré 6 ans, de 2010 à 2016, année où les émissions ont atteint un point bas autour des 115 grammes. Mais les tendances actuelles rendent extrêmement difficile l'atteinte de l'objectif européen de 95 grammes à partir de 2020-2021.

Moins de diesel, plus de SUV

3 raisons expliquent cette remontée. Tout d'abord, la chute des ventes de véhicules diesel, désormais soumis à des mesures de restriction de plus en plus nombreuses partout en Europe. Les moteurs diesel, mis à l'index pour leurs émissions d'oxyde d'azote et de micro-particules, émettent parallèlement 15 à 20% de moins de CO2 qu'un moteur essence de puissance équivalente. La chute de la demande pour ces motorisations à donc provoqué un repli sur les modèles essences, plus émetteurs.

Une autre raison est aussi le succès commercial des SUV. Des véhicules typés 4x4, aux châssis et carrosseries plus lourds et moins aérodynamiques, émettent plus de CO2 que les modèles classiques, berlines ou compactes, quelle que soit la motorisation. Les ventes de ces engins représentant autour des 35 à 40% de part de marché sur les voitures neuves en Europe, et restant en croissance, l'impact sur les émissions moyennes s'en ressent. Selon les chiffres de l'EEA, la moyenne d'émission des SUV s'établit à 133 grammes au kilomètre, soit 13 grammes de plus que le est des modèles classiques à moteur à essence. 

Enfin, les tendances de marché sur les véhicules utilitaires légers ont accentué la tendance. Ceux-ci ont vu leurs émissions grimper d'1,3% à 158 grammes de CO2 au kilomètre en moyenne. En cause, une hausse de la masse (+1%) et du gabarit (+1,4%) des véhicule de ce type vendus l'année dernière, ainsi qu'une petite hausse des ventes d'utilitaires essence, qui passent de 2,4 à 3,6% des ventes du segment. Les mesures de restrictions à l'encontre du diesel, et l'écart de prix désormais faible entre diesel et sans plomb à la pompe, expliquent aussi ce phénomène. 

Course contre la montre

Une situation qui va devenir de plus en plus compliquée à gérer pour les constructeurs, qui doivent faire baisser d'urgence leurs émissions moyennes tout en respectant les choix de la clientèle. Car passée la mise ne place des objectifs européens en 2020, tout gramme supplémentaire au-delà des 0,95 sera sanctionné d'une amende proportionnelle au dépassement. Dans certains cas, pour les "mauvais élèves", la note pourrait s'élever à plusieurs milliards d'euros.

L'EEA remarque que les ventes de véhicules 100% électriques et hybride rechargeables sont partout en forte progression, mais que leur part de marché n'est pas encore de nature à profondément modifier les tendances actuelles (2,3% du marché européen au total). 300.000 voitures électrifiées sur les plus de 8 millions de véhicules vendus au total en Europe n'ont eu que très peu d'incidence. L'impact sur l'année en cours ne devrait pas être décisif non plus, avant une meilleure configuration de marché en 2020, avec la forte accélération de l'offre chez les constructeurs. C'est donc une course contre la montre qui est désormais enclenchée, avec en toile de fond un dilemme entre désir des consommateurs et réglementations.