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Les collectivités investissent sur le marché des noms de domaine

Parmi les 1.900 demandes reçues par l'Icann pour ouvrir de nouvelles extensions, seules cinq collectivités françaises ont fait la démarche.

Parmi les 1.900 demandes reçues par l'Icann pour ouvrir de nouvelles extensions, seules cinq collectivités françaises ont fait la démarche. - -

En 2014, il sera possible d'avoir un site internet hébergé en .paris, .alsace ou encore .corsica. Cinq collectivités françaises ont dépensé près de 150.000 euros auprès de l’Icann, le régulateur américain d’Internet, pour en avoir le droit. Un investissement stratégique pour valoriser les entreprises locales selon elles.

Internet s’ouvre aux régions. Ce lundi 16 septembre, l’Icann, la société américaine qui contrôle les noms de domaines sur internet, a autorisé officiellement la création de l'extension du ".aquitaine". Au total, seules cinq collectivités françaises (la ville de Paris et les régions Alsace, Aquitaine, Bretagne, Corse) auront l’honneur d’avoir une extension internet à leur nom dès 2014 en lieu et place du traditionnel ".fr".

300.000 euros de budget

Pour obtenir leur création, ces collectivités locales ont déjà dépensé 143.000 euros de frais de candidature auprès de l’Icann. Avec l’autorisation de l’organisme américain, chacune devient officiellement gestionnaire du ".paris", ".corsica" ou ".bhz" pour la Bretagne.

"Avec les coûts d’exploitation, le budget annuel pour une collectivité peut tourner autour de 300.000 euros pour gérer un nom de domaine" estime Mathieu Crédou, le directeur marketing de l’Afnic, l’association française qui gère l’intégralité des sites en ".fr" et qui assurera la gestion technique de ces nouvelles extensions territoriales.

Marketing local

L’investissement peut paraître élevé pour une simple adresse internet, mais les collectivités croient dur comme fer à ce nouvel outil de promotion du territoire. "C’est très valorisant pour une entreprise d’être identifiée de suite par son territoire" Marie-Laure Leglu, le responsable du projet ".aquitaine".

En établissant les conditions d’utilisation de l’extension, la collectivité peut également décider de qui a le droit d’utiliser son nom. Ainsi, seuls les utilisateurs vivant ou ayant une implantation économique dans le Bassin Parisien pourront ouvrir un site en ".paris". "Identifier facilement l’origine d’un site marchand, c’est un outil de protection en plus pour les consommateurs" juge Matthieu Crédou.

Investir comme sur du foncier

Si les collectivités pensent surtout à utiliser ces nouvelles extensions comme une campagne de communication originale, elles n’en restent pas moins les propriétaires. "Le marché des extensions peut être comparable à l’immobilier. On peut spéculer dessus. Une extension aussi banale que .bike s’est revendu plusieurs millions de dollars. On peut penser qu’être propriétaire d’un nom recherché comme .paris est un investissement sûr", explique Matthieu Crédou.

En louant ces nouveaux domaines aux entreprises et particuliers contre plusieurs dizaines d’euros (un site en ".fr" coûte 5 euros par an), les collectivités visent les 20.000 utilisateurs pour atteindre l’équilibre. Reste à savoir si les entreprises comme les particuliers se laisseront tenter par cet internet aux couleurs locales.

Le titre de l'encadré ici

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Bruxelles ne veut pas de l’extension .vin

L’Icann a le projet d’ouvrir de nouvelles extensions .vin et .wine, plusieurs sociétés commerciales qui n’ont rien à voir avec le milieu viticole se sont déjà portées candidates pour en devenir gestionnaire.

Cette perspective inquiète les producteurs français et européens, qui voient là un outil de communication puissant échapper à la réglementation des appellations protégées. Le 23 juillet, l’Icann avait donné un mois aux producteurs et aux potentiels acquéreurs du .vin pour s’entendre.

Aucun accord n’ayant été trouvé depuis, Bruxelles est monté au créneau "En aucun cas, nous ne pouvons accepter d'avoir ces extensions sans que les droits et les intérêts des indications géographiques et ceux des consommateurs ne soient suffisamment protégés", écrivait la Commission européenne dans un courrier daté du lundi 16 septembre.

Thomas Saint-Cricq