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Transports

Combien Uber dit rapporter à l’économie française

Après les mouvements sociaux, place à la guerre des chiffres. Uber a réalisé une étude pour montrer ce que la société apportait à l'État en termes de revenus et de création d'emplois.

Après les mouvements sociaux, place à la guerre des chiffres. Uber a réalisé une étude pour montrer ce que la société apportait à l'État en termes de revenus et de création d'emplois. - Alain Joquart - AFP

En marge des mouvements sociaux, la guerre des chiffres fait rage entre taxis et VTC. Dans une étude qu’il a réalisée, Uber rappelle que son activité a rapporté à la France 400 millions d’euros en 2015 et a créé 10.000 emplois.

Ubérisation, disruption, Uber est le symbole mondial de la dérégulation des transports. Mais n’est-il pas aussi un levier économique qui profite aux caisses de l’État et à la création d'emplois?

C’est ce que veut rappeler le groupe américain au gouvernement, d’une part, mais aussi à Laurent Grandguillaume, le médiateur nommé il y a quelques jours par le gouvernement pour trouver une issue au conflit qui oppose les taxis et les VTC depuis maintenant trois ans.

Dans une étude que nous nous sommes procurés, la plateforme fait un point sur son impact dans l’économie française. Et, au vu des chiffres, il est loin d’être anecdotique, après seulement trois années de présence.

10.000 emplois créés en 2015

Au cours de cette période, Uber a installé son application dans une dizaine de villes et a permis "à plus d’un million de Français de se déplacer". Ce dispositif a permis de créer "plus de 10.000 emplois" de chauffeurs de VTC (véhicule avec chauffeur).

Selon les chiffres d’une étude IFOP réalisée en septembre dernier et citée par l'entreprise de VTC, 25% de ces chauffeurs étaient à la recherche d’un emploi. Et la moitié d'entre eux était au chômage de longue durée.

Selon l’étude, ces retours dans le monde du travail ont permis à l’État d’économiser 30.000 euros pour chacune de ces 2.500 personnes, soit un total de "75 millions d’euros en 2015 (1) en aides et allocations économisées". Ça, c’est pour les économies.

Une économie potentielle de 500 millions d’euros pour l'État

Uber a aussi estimé la création de richesses réalisée par son écosystème. Elle est évaluée cette fois à 200 millions d’euros. Chaque personne qui décide de se lancer dans le VTC génère de fait des revenus aux assureurs, aux banques, aux loueurs ou vendeurs de voitures, aux organismes de crédit, sans parler des dépenses informatiques ou en marketing.

De fait, ces 200 millions d’euros rapportent indirectement à l’État. Selon le VTCiste, il aurait empoché 120 millions d’euros en taxes, impôts ou en contributions diverses (2). Pour 2015, Uber estime donc à 400 millions d’euros la contribution de son activité à l’économie de manière directe ou indirecte.

Dans son rapport, Thomas Thévenoud évaluait que les VTC pouvaient créer 70.000 emplois à court terme. "À condition que l’encadrement réglementaire y soit favorable", rappelle l’entreprise. Et s’il l’est, Uber pense que les recrutements pourraient être 30% supérieurs pour atteindre 100.000 postes et créer "une économie annuelle de 500 millions d’euros" à l’État (3).

Mais, pour le groupe américain, le cadre réglementaire est moins favorable qu’il ne l’était en 2009, année de la création du statut VTC. À cette époque, "toute personne munie d’un baccalauréat" pouvait devenir VTC en quelques semaines. Aujourd’hui, la formation d’un "aspirant chauffeur VTC" dure entre 6 et 8 mois, coûte entre 6.000 et 8.000 euros, sans compter "un parcours administratif long pour mener à bien un tel projet."

Optimisation fiscale vs liquide non déclaré

Reste néanmoins l’épineux dossier de l’optimisation fiscale. Uber, comme la plupart des géants américains des high-tech, a mis en place un mécanisme qui lui permet d’échapper légalement à l’impôt sur les bénéfices. 

Le groupe n’évite pas le sujet. Il indique qu’il "ne contrevient pas à la loi en profitant des conditions fiscales très avantageuses" dont il bénéficie aux Pays-Bas. Uber tient à préciser que l’optimisation porte uniquement sur "la commission de 20%, et que les chauffeurs n’ont pas vraiment de possibilité d’échapper à l’impôt" puisque les paiements ne se font que par carte de crédit. Une allusion aux sommes en liquide que les taxis perçoivent et qui ne peuvent être vérifiées. Le message s'adresse aussi au médiateur qui a démarré sa mission par une passe d’armes sur Twitter avec le patron d’Uber Europe, Mark McGann.

D'après un reportage diffusé dimanche dans l’émission Capital sur M6, le liquide représenterait 80% des revenus des taxis. Un taux qui daterait de 2010 et que les professionnels réfutent désormais. Dans un tweet, un chauffeur de taxi indique qu’aujourd’hui il n’atteint plus "que" 20% des recettes.

Cette bataille de chiffres n’est pas près de s’éteindre. En attendant, selon l’Insee, le chiffre d’affaires cumulé des taxis et VTC aurait progressé de 10% entre 2010 et 2015. Seule certitude, cette augmentation a plus profité aux VTC qu’aux taxis.

(1) Estimations Uber sur la base de sources Uber, IFOP, OECD, EFSI.

(2) TVA, impôts sur les sociétés/sur le revenu des chauffeurs, cotisations sociales, contributions aux RSI, TIP.

(3) Estimations Uber sur la base de sources OECD, EFSI.

Pascal Samama
https://twitter.com/PascalSamama Pascal Samama Journaliste BFM Éco