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Comme en France, Ford va supprimer 5 000 postes en Allemagne

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- - GEORGES GOBET / AFP

Le constructeur automobile américain Ford annonce la suppression de 5 000 emplois dans le cadre d'un vaste plan de restructuration censé l'aider à reprendre pied en Europe.

Après la France et le Brésil, l'Allemagne. Ford va supprimer 5 000 emplois sous forme de départs volontaires dans le pays. « Cette annonce s'inscrit dans le cadre de la restructuration de Ford qui vise à rétablir le plus rapidement possible une activité rentable en Europe », a indiqué à l'AFP une porte-parole du constructeur en Allemagne. Le groupe emploie près de 24 000 personnes en Allemagne sur un total de 53 000 en Europe.

Objectif de cette restructuration: économiser 25,5 milliards de dollars au total d'ici 2022, ce qui va passer par l'arrêt de la production des berlines et citadines en Amérique du Nord, des fermetures d'usines et des milliers de suppressions d'emplois en Europe.

Cette annonce intervient deux jours après l'annonce de Volkswagen de supprimer jusqu'à 7 000 emplois, sous forme de non remplacements de départs à la retraite, afin de financer sa transition vers la voiture électrique.

Si Volkswagen fait état d'un bénéfice annuel en nette hausse, la situation est loin d'être similaire pour Ford. Le constructeur américain s'est pris de plein fouet le ralentissement du marché chinois, les incertitudes liées au Brexit ainsi que la désaffection pour les moteurs diesel. Au quatrième trimestre 2018, la marque américaine a ainsi accusé une perte nette de 112 millions de dollars.

En Allemagne, le plan social annoncé en janvier fait depuis l'objet de discussions avec les syndicats, dont le puissant IG Metall, qui assure qu'aucun licenciement sec n'est en jeu. Reste que le directeur du Center Automotive Research basé en Allemagne n'est pas très optimiste pour l'avenir de certaines usines allemandes. Ferdinand Dudenhöffer estime qu' « avec 5 000 suppressions d'emploi, la prochaine annonce devrait être celle de la fermeture de sites ».

L'usine allemande de Sarrelouis, près de la frontière française, serait la plus menacée. Ford a déjà indiqué envisager d'arrêter la production de ses monospaces C-Max et Grand C-Max produits sur ce site frontalier. 1 600 postes sur 6 200 pourraient être supprimés.

Déjà des centaines de suppressions de postes en France et au Brésil

Ailleurs, plusieurs sites sont déjà sur la liste noire de Ford. En France, c'est le cas de l'usine de Blanquefort, implantée depuis 1972 et qui emploie 800 salariés. Son sort a donné lieu à un bras de fer entre le gouvernement et le constructeur automobile. En vain. Le plan social a finalement été validé début mars.

300 à 400 salariés de cette usine pourraient être éligibles à la pré-retraite. Plusieurs dizaines devraient être reclassés dans l'usine voisine GTF, co-détenue par Ford et le canadien Magna. Pour les autres, soit 400 à 500 personnes, ce sera des licenciements avec, selon les syndicats, 2 à 3 ans couverts entre accompagnement du reclassement, et chômage. La fermeture devrait aussi impacter l'emploi girondin plus largement, en raison, selon les syndicats, de quelque 2 000 emplois induits.

Dans le reste du monde, le Brésil est lui aussi touché. Le groupe avait renoncé en février à sa plus ancienne usine dans le pays, qui emploie près de 3 000 personnes. L'avenir de sa coentreprise Ford Sollers en Russie est lui aussi menacé. Une décision est attendue au deuxième trimestre.

Mais c'est bien dans l'Union européenne que l'Américain concentre le plus de difficultés. Sa part de marché est tombée d'environ 11% en 2006 à 6,4% en 2018. Sa rentabilité opérationnelle dans la région a atteint 3,9% au premier semestre de 2018, soit l'une des plus faibles de l'industrie, selon le centre de recherche CAR.

Dans ce contexte, l'annonce de ce plan social en Allemagne « ne résoudra pas les problèmes de Ford, le Brexit va lui faire beaucoup de mal », estime Ferdinand Dudenhöffer. Fin janvier, le constructeur, qui emploie 13.000 personnes au Royaume-Uni, avait chiffré à 800 millions de dollars l'impact sur ses comptes en 2019 d'une sortie de l'UE sans accord.

Le site de Dagenham à l'est de Londres est particulièrement menacé. Il fabrique des moteurs diesel, technologie désormais décriée et dont les ventes sont en chute constante.

Sandrine Serais