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Comment être certain de ne pas acheter une contrefaçon sur internet

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Alors qu'un Français sur trois a déjà acheté des produits contrefaits sans le savoir, les experts des douanes expliquent comment ne pas tomber dans le piège quand on achète en ligne.

60 milliards d'euros. C'est ce que coûte chaque année au niveau européen la contrefaçon de produits. Un manque à gagner pour les marques mais aussi pour les Etats avec les taxes non perçues et in fine l'emploi. 435.000 emplois sont ainsi perdus à cause de la contrefaçon selon l'Office de l'Union européenne pour la propriété intellectuelle (EUIPO). 

Mais, en la matière, le consommateur n'est pas toujours complice. Il est souvent victime, ignorant que la bonne affaire qu'il pense faire n'en est pas vraiment une. En France, 37% des consommateurs assurent avoir déjà acquis une contrefaçon sans le savoir selon un sondage Ifop pour l'Union des fabricants. Et la proportion monte même à 43% chez les 15-18 ans. Car les jeunes consommateurs sont plus sensibles aux marques et ont tendance à plus acheter sur internet où les contrefaçons prolifèrent depuis quelques années.

Selon les données communiquées par les douanes, en 2017, sur un total de 8,4 millions de produits saisis en France, 2,5 millions l'ont été dans les centres de tris postaux. Un record. Et il s'agit évidemment de produits achetés sur des sites internet. Parfois donc, assurent les consommateurs français en toute bonne foi. Encourant théoriquement une amende représentant deux à trois fois le prix du produit original et une peine d'emprisonnement jusqu'à trois ans (cinq ans et dix fois le prix si c'est en bande organisée). Des peines théoriques car dans les faits les douanes se contentent essentiellement de saisir les produits sans en avertir les destinataires.

Mais comment ne plus se faire se faire piéger quand on achète un produit sur internet? Les services de la douanes et notamment la cellule d'investigation DNRED nous indiquent quelques pièges à éviter. 

1. Repérez les fautes de syntaxe sur le site

Si auparavant les sites de contrefaçons faisaient la part belle aux fautes d'orthographe, les faussaires sont désormais mieux organisés grâce notamment aux traducteurs en ligne. En revanche, la syntaxe peut être un bon indice. Une phrase peu claire qui donne l'impression d'être traduite directement depuis Google Traduction doit vous mettre la puce à l'oreille.

En revanche, pour les logos, les visuels ou les noms des produits, impossible de distinguer le vrai du faux. Les vendeurs de contrefaçons vont directement télécharger les images des originaux sur les sites des marques.

2. Fuyez les sites qui se vantent de vendre "pas cher"

Il s'agit sans doute de l'indice le plus évident. "Si vous voyez un site avec "pas cher" dans le nom de domaine, vous avez une chance non négligeable de tomber sur une contrefaçon", explique-t-on du côté des douanes. Des sacs Vuitton ou des casques Beats neufs pas cher, ça n'existe pas. 

3. Cherchez les mentions légales

Vous pouvez poursuivre l'enquête en allant en bas du site où se trouvent en général les mentions légales. Le statut de la société, son adresse, les contacts... En cas d'absence, passez votre chemin. Attention, parfois les mentions légales sont bien présentes mais les sociétés sont domiciliées aux Etats-Unis ou en Asie. Rien de répréhensible mais là encore si le nom de domaine du site est en français et que son adresse se situe à des milliers de kilomètres, mieux vaut passer son chemin. En ce qui concerne les conditions générales de ventes (CGV), les faussaires sont désormais malins. Ils vont copier celles de sites concurrents qui ont pignon sur rue en général. Difficile donc d'y détecter un indice.

4. Vérifiez si les liens vers des sites sûrs fonctionnent bien

Il existe des certifications pour rassurer les consommateurs du sérieux du site. Il s'agit de sites qui recensent les avis des consommateurs et qui donnent des notes aux différents e-commerçants. Il y a par exemple Fia-Net ou Trusted Shops. En général, les sites mettent en avant ces logos pour rassurer les clients avec un lien vers la page de ces labels rassurants. Les faussaires se contentent, eux, de mettre le logo de certification avec un lien qui ne fonctionne pas.

La douane conseille aussi de se méfier des réseaux sociaux et des annonces alléchantes avec des prix barrées qui figurent dans les publicités Facebook. Même s'il ne s'agit pas toujours de contrefaçons avérées, il y a une présomption.

Ainsi le site de e-commerce Wish qui monte en France et communique énormément sur YouTube et Facebook se situe-t-il dans une zone grise. Avec ses prix barrés incroyables (-80%, -90%!), il ne met pas en avant des marques (donc a priori pas de contrefaçon) mais ses produits sont parfois très proches de produits de grandes marques (notamment dans les produits électroniques et les montres). 

Quels sont les produits de contrefaçons les plus achetés?

Alors qu'historiquement c'était les produits textiles les plus contrefaits, depuis quelques années, ce sont les jouets et les articles de sport. Voici le classement des produits de contrefaçons les plus saisis par les douanes en 2017:

1. Jeux, jouets, articles de sport: 1,2 million

2. Vêtements: 1,17 million

3. Equipements électroniques, informatiques: 1,08 million

4. Chaussures: 0,6 million

5. Accessoires personnels (montres...): 0,4 million

6. Produits alimentaires: 0,3 million

7. Téléphones mobiles: 0,2 million

8. Produits de soins corporels: 0,2 million

Frédéric Bianchi
https://twitter.com/FredericBianchi Frédéric Bianchi Journaliste BFM Éco