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Comment éviter les arnaques de l'été sur Le Bon Coin et AirBnb

Un grand classique de l'arnaque aux petites annonces est la vente d'e-billets pour se rendre à Eurodisney, qui sont en fait des faux.

Un grand classique de l'arnaque aux petites annonces est la vente d'e-billets pour se rendre à Eurodisney, qui sont en fait des faux. - MEHDI FEDOUACH - AFP

En cette saison estivale, les arnaques sur internet explosent. Les plus courantes sont les escroqueries à la location de vacances et aux achats de billets pour Eurodisney et le Parc Asterix.

L'été est là. Saison des vacances, mais aussi des arnaques aux petites annonces. Gare quand vous réserverez votre bungalow en Provence, votre appartement sur la Costa Brava, ou si vous achetez vos billets pour Eurodisney ou le Parc Astérix. Même sur des sites aussi connu que Le Bon Coin, AirbnB ou Abritel, les escroqueries pullulent encore plus que d'habitude en cette période de l'année. C'est devenu "une véritable industrie, de plus en plus sophistiquée", constate Jérémie Mani, le président de Netino, le leader français de la modération sur internet.

90% des annonces sont des arnaques

L'une des arnaques les plus courantes porte sur les reventes de billets pour des prestations de loisir. Sur Le Bon Coin, on trouve ainsi d'innombrables annonces destinées à appâter des internautes qui emmèneraient bien leur petite famille visiter Eurodisney. Le vendeur explique souvent qu'il a eu ses places grâce à son comité d'entreprise, à très bas coûts, et qu'il les revend un peu plus cher, mais toujours moins que le prix officiel. Tout le monde est gagnant. "Sauf que 90% de ces annonces sont des arnaques", souligne Jérémie Mani.

"Si vous appelez le vendeur, il vous annonce que ce sera des billets électroniques. Et quand vous lui demandez si le flashcode va bien marcher, il ne manque pas d'arguments pour vous convaincre. Vous vous retrouvez ainsi avec un document PDF envoyé par mail. Le graphisme est bluffant, et il est difficile de se rendre compte que c'est une arnaque", raconte encore le spécialiste. Des indices peuvent mettre la puce à l'oreille. Par exemple si la mention "parking gratuit" figure sur le ticket, vous pouvez être certain qu'il s'agit d'une arnaque: Disney n'offre jamais le parking aux visiteurs. De même si aucun nom n'est renseigné. Tous les e-billets vendus par le parc d'attraction sont nominatifs. Le plus terrible pour les familles ainsi arnaquées, c'est qu'elles ne rendent que lorsqu'elles sont entrées dans le parc d'attraction, après avoir déjà payé le parking.

L'arnaque au paiement international ou la subtilité de l'escroc

Autre grand classique: la fausse location de vacances. Les photos sur l'annonce donnent envie, le propriétaire au téléphone est très sympa. Vous réservez une semaine. Sauf que la personne avec qui vous avez parlé ne détient en réalité aucun bien. Elle a juste encaissé le chèque. Quand vous arrivez le jour dit devant votre superbe villa du sud, un locataire "légitime" l'occupe déjà.

Une dernière fait fureur ces derniers temps: celle de l'acheteur arnaqueur. La technique est éprouvée. Vous avez posté une annonce pour louer votre résidence secondaire sur internet. Quelqu'un vous appelle de l'étranger pour bloquer une semaine ou un mois en vous expliquant qu'il va vous envoyer le prix de la location par virement. Curieusement il vous paie plus que ce qu'il vous doit. Vous pensez à une erreur et comme vous êtes honnête, vous lui reversez le trop perçu. Et c'est là qu'est la subtilité de l'arnaque: le délai de rétractation bancaire est plus long pour les virements internationaux que nationaux. Donc quand le "berné" envoie le remboursement, l'escroc annule son paiement.

La brigade de la Police judiciaire dédiée à la lutte contre les arnaques sur internet connaît un pic de signalement de ce genre d'affaires début juillet, et un autre, encore plus important, fin août, explique son chef de groupe, Florian Fonteneau. Son service recueille des plaintes par deux biais: au téléphone, et sur le web, via la plateforme dédiée, internet-signalement.gouv.fr. Sans compter celles déposées aux commissariats de quartier.

Par ligne directe, 28% des appels concernent des escroqueries immobilières, soit 3.500 cas en 2014, dont l'immense majorité porte sur des escroqueries à la location saisonnière. Sur internet, parmi les dénonciations de violences aux personnes, pédopornographie, cyber-terrorisme, et autre quenelle de Dieudonné, 60% des signalements sont liés aux fausses locations de vacances, ou aux faux locataires. Soit 2.800 cas en 2014. Et la crédulité des usagers d'internet rapporte: la PJ évoque un montant total de plusieurs millions d'euros par an.

La lutte des autorités et des hébergeurs inefficaces

Le problème, c'est que la police et les sites internet qui hébergent ces annonces sont relativement impuissants face au phénomène. Côté autorité, l'escroc peut être retrouvé à condition qu'il s'agisse de "criminalité franco-française", souligne le chef de groupe de la brigade escroquerie. "Malheureusement, la plupart du temps, les arnaques viennent de l'étranger" souligne-t-il. Principalement d'Afrique de l'Ouest (Côte d'Ivoire, Nigeria). Alors les officiers français sont dessaisis aux profits de leurs confrères dans les pays concernés.

"L'efficacité de l'enquête ainsi déléguée dépend énormément du pays. Il peut y avoir des questions de géopolitiques qui entrent en jeu, des problèmes d'intégrité du personnel, ou des délais de procédure trop long, qui laissent aux gars le temps de disparaître", explique Florian Fonteneau.

Quant aux hébergeurs de petites annonces, d'eBay à VivaStreet en passant par Abritel et les autres, ils nettoient autant qu'ils peuvent leur plateforme. Mais ils ne peuvent pas vérifier chacune des centaines de millions d'annonces postées tous les jours, sur lesquelles quelques centaines sont frauduleuses.

Comment repérer les arnaques?

Bref, pour éviter les déconvenues, mieux vaut repérer les arnaques avant de s'y laisser prendre. Quelques conseils à ce titre. Parce que les escrocs sur internet ont appris de leurs erreurs. Leurs messages ne sont plus (tous) truffés de fautes d'orthographe et de syntaxe. Premièrement: avant d'appuyer sur le bouton "payer", recherchez sur internet l'adresse mail du vendeur/de l'acheteur, et son numéro de téléphone, afin de voir s'il est identifié comme fraudeur sur les forums. Méfiez-vous aussi d'un individu qui n'a pas d'historique sur le site.

Si vous réservez un appartement, passez par la recherche inversée de Google Image pour voir si les photos apparaissent ailleurs que sur l'annonce. Ou vérifiez via Google Street View que la maison à l'adresse indiquée ressemble bien aux photos. "L'idéal c'est de disséquer l'annonce", recommande l'officier Fonteneau.

Deuxièmement: refusez à tout prix les mandats de paiement, par exemple via Western Union. "Il y a d'autres façons de payer les locations, n'acceptez celui-ci sous aucun prétexte", poursuit-il. Troisièmement: tenez vous au courant des prix du marché. Derrière une offre qui paraît moins chère que la normale, il y a un risque d'arnaque. Les escrocs ont bien compris comment attirer les "pigeons". En somme, résume Jérémie Mani, "quand l'affaire est trop belle, méfiez-vous. Un iPhone 6 à 50 euros, même s'il a peu servi, même si le vendeur prétend préférer Samsung, CA N'EXISTE PAS".

Nina Godart
https://twitter.com/ninagodart Nina Godart Journaliste BFM Éco