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Comment Facebook arrive à bousculer YouTube sur son terrain

Les concurrents de Facebook ne sont pas les seuls à s’inquiéter du vif succès de ce service. Les chaînes de télévision s'interrogent aussi sur la méthode de Mark Zuckerberg.

Les concurrents de Facebook ne sont pas les seuls à s’inquiéter du vif succès de ce service. Les chaînes de télévision s'interrogent aussi sur la méthode de Mark Zuckerberg. - Money Sharma - AFP

Avec plus d’un milliard et demi d’abonnés, la publicité mobile reste le moteur de croissance de Facebook, mais le réseau social américain ne veut pas en rester là. Il veut aussi devenir le leader de la vidéo en ligne. Et sa méthode est plutôt efficace.

"En moyenne, il y a maintenant plus de 8 milliards de vidéos vues par jour sur Facebook, et plus de 500 millions de personnes qui en regardent tous les jours" a lancé Mark Zuckerberg lors de la présentation aux analystes de ses résultats trimestriels. Et le plaisir du fondateur de Facebook est encore plus grand quand il rappelle qu’en avril, il espérait atteindre 4 milliards de visionnages quotidiens. 

Ce chiffre de 4 milliards n’a pas été pris au hasard. Il correspond aux scores quotidiens que YouTube réalise avec son milliard d’utilisateurs. Un chiffre pas officiellement dévoilé par le service, qui ne donne pas autant de précision, mais que nous avons obtenu à partir des chiffres annuels qui atteignent 1.460 milliards de vidéos visionnées. Un score que YouTube a mis dix ans a atteindre.

Comment Facebook a réussi à dépasser le leader mondial de la vidéo en ligne en quelques mois? En fait, la méthode est simple.

Des vidéos visionnées ou lancées automatiquement?

D'abord, le chiffre communiqué par Facebook ne correspond pas vraiment à des vidéos visionnées, contrairement à YouTube. Il comprend celles qui se lancent automatiquement dans le fil d’actualités de nombreux abonnés.

Si cette méthode peut faire bondir la concurrence, Facebook l’assume totalement et a même annoncé la couleur dès le lancement du service en indiquant la méthode pour empêcher le lancement automatique des contenus.

Mais les concurrents de Facebook ne sont pas les seuls à s’inquiéter du vif succès de ce service. En mai dernier, plusieurs chaînes de télévision françaises (TF1, Canal+, M6, France Télévision) et l’Alpa (Association de lutte contre la piraterie audiovisuelle présidée par Nicolas Seydoux, patron de la Gaumont) ont envoyé une lettre commune à Mark Zuckerberg et à Dick Costolo, patron de Twitter, pour les alerter sur l’explosion des publications par des internautes de vidéos soumises au droit d’auteur.

Sans le dire ouvertement, ils reprochent à ces services de ne pas vraiment respecter le droit d’auteur pour augmenter les contenus mis en ligne. Ce groupe de patrons de chaînes avait déjà fait pression sur YouTube et Dailymotion pour mieux filtrer ce qui est légal et ce qui ne l’est pas.

La vidéo, un marché en croissance explosive

Dans le business vidéo, Mark Zuckerberg a d’autres idées pour accélérer la croissance. Pour le fondateur du réseau social, les médias et producteurs produisent des formats longs quand, selon lui, la demande porte sur des formats courts. Sa solution: "morceler" les sujets en plusieurs clips de quelques minutes pour qu'ils soient "plus facilement consommés" en ligne. Plus facilement, mais surtout en démultipliant les contenus.

Ainsi, cette stratégie de "spots" est le prochain levier de croissance de Facebook. Selon des analystes de la banque Jefferies cités par l’AFP, "la vidéo représente l'une des plus importantes opportunités pour Facebook à moyen terme, du fait des recettes publicitaires qu'il pourra en tirer. Les spots vidéo deviendront une activité de plusieurs milliards de dollars pour Facebook dans les deux prochaines années, sur fond de déplacement des budgets publicitaires de la télévision vers internet".

Pour eMarketer aussi, l’enjeu est évidemment la publicité. Selon le cabinet, les budgets publicitaires devraient s'élever à 7,7 milliards de dollars cette année contre 5,81 milliards en 2014. Et cela, seulement pour les États-Unis.

Pascal Samama