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Comment l'administration a stoppé l'envol du coavionnage par Internet 

En leur imposant les contraintes d'une compagnie aérienne, la DGAC risque de mettre fin à l'activité des start-up du coavionnage.

En leur imposant les contraintes d'une compagnie aérienne, la DGAC risque de mettre fin à l'activité des start-up du coavionnage. - Cyril Villemain-AFP

La DGAC assimile le coavionnage au transport aérien commercial. Les sites internet concernés devront obtenir un certificat de transport aérien et une licence d’exploitation. Un obstacle presque rédhibitoire.

Après le covoiturage, le coavionnage par internet a percé mais vient de recevoir un sérieux coup d'arrêt des autorités en charge du transport aérien. Trois start-up françaises (Wingly, Coavmi et OffWeFly) se sont lancées sur ce marché en permettant aux pilotes de petits avions privés voyageant souvent avec des places vides, de les proposer sur Internet, à moindre coût en partageant les frais avec les passagers.

Dès le mois de septembre 2015, la direction générale de l'aviation civile (DGAC) avait émis de sérieux doutes sur la légalité de cette activité. "Si la réglementation permet à un pilote privé de partager les frais du vol avec des membres du cercle familial ou amical lors d’un vol privé ou de loisirs, son extension au grand public sort du cadre privé et se rapproche du transport public"

Quelques temps avant que l'autorité prenne sa décision et se sentant menacées, les start-up du coavionnage avaient lancé une pétition en ligne sur internet, qui n'a recueilli à ce jour qu'un peu plus de 2.600 soutiens.

La DGAC sort l'artillerie lourde contre le coavionnage

La DGAC a finalement tranché en leur défaveur. "Il est nécessaire que les sites dédiés mettent en place un mécanisme de gestion active de la sécurité et des risques. Ces travaux ont permis de conclure que les organisateurs d’une activité de coavionnage devront se doter d’un certificat de transport aérien (CTA) et d’une licence d’exploitation" a édicté la DGAC.

Autrement dit, en assimilant l'activité de ces sites Internet à du transport aérien commercial, l'autorité a sorti l'artillerie lourde, leur imposant de fonctionner comme une compagnie aérienne.

Bien que les sites en question se soient engagés à respecter le partage des frais entre le pilote et les passagers, la barrière avec le transport commercial est effectivement tenue. 

Toutefois, l'arme de dissuasion massive brandie par la DGAC pour "réguler" le coavionnage sur Internet contraste avec sa nouvelle réglementation, plutôt souple, concernant les drones civils de loisirs et professionnels. 

Frédéric Bergé
https://twitter.com/BergeFrederic Frédéric Bergé Journaliste BFM Éco