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Comment l'envol des transactions en bitcoin pourrait "bloquer" Internet

Pour la banque des règlements internationaux, les cryptomonnaies sont inadaptées comme moyen de paiement quotidien.

Pour la banque des règlements internationaux, les cryptomonnaies sont inadaptées comme moyen de paiement quotidien. - Karen Bleier-AFP

Pour la BRI (Banque des règlements internationaux) qui fédère 60 banques centrales, les cryptomonnaies ne sont pas adaptées aux paiements quotidiens. À cause des énormes calculs informatiques et des volumineux échanges de données que chaque transaction génère, leur multiplication au quotidien pourrait "bloquer" Internet.

C'est peu de dire que la banque des banques centrales, sise à Bâle, multiplie les mises en garde à l'égard du Bitcoin en particulier et des cryptomonnaies en général. Après avoir recommandé début 2018 aux banques centrales de réglementer leur usage, la BRI (banque des règlements internationaux), dans une note en anglais de 24 pages intitulée "Cryptomonnaies: regarder au-delà des effets de mode", dresse dans un document à charge les déficiences intrinsèques des monnaies virtuelles.

Le principal reproche que la banque des banques centrales leur adresse, tient à leur mauvaise évolutivité (leur incapacité à monter en puissance) au cas où leur usage se développerait sur la planète. "Les cryptomonnaies ne sont pas évolutives comme les monnaies souveraines" estime la banque qui s'inquiète particulièrement du volume des transactions à traiter si leur usage se généralisait comme moyen de paiement. Leur mode de fonctionnement décentralisé exige "de chaque utilisateur le téléchargement et la vérification de l'historique de toutes les transactions, y compris le montant payé, le payeur, le bénéficiaire et d'autres détails" soutient la BRI.

Le Bitcoin ne gère que 3 transactions de paiement à la seconde

Or, pour traiter les transactions des achats en ligne actuellement réalisées par des systèmes de paiement nationaux, "même avec des hypothèses optimistes", la taille du registre distribué propre aux cryptomonnaies "dépasserait les capacités de stockage d'un smartphone en quelques jours, celles d'un PC quelques semaines et celles de serveurs en une affaire de mois".

À l'appui de sa démonstration, la BRI compare le nombre de transactions traitées par seconde par les systèmes Visa et Mastercard (plus de 3500 et 2000, respectivement), Paypal (quelques centaines) avec les capacités de traitement des deux cryptomonnaies les plus connues (Bitcoin, Ether): au mieux un peu plus de 3 transactions par seconde, chacune.

Plus grave encore, selon la BRI, est le problème des capacités de calcul informatique liées à l'exécution des transactions. "Seuls des superordinateurs pourraient assumer la charge de vérification des transactions entrantes. Le volume de communications associées aux transactions pourrait paralyser Internet car des millions d'utilisateurs échangeraient des fichiers de l'ordre du Téraoctet (NDLR: 1000 Gigaoctets)" prévoit la BRI dans sa note.

Toujours sur le plan informatique, le principe technique des Blockchains propre aux cryptomonnaies aboutit selon la BRI inévitablement à une congestion du système. À mesure que les paiements effectués par ce moyen s'envolent, les transactions ne peuvent pas être traitées à la volée. Résultat: elles sont placées en file d'attente, parfois plusieurs heures, interrompant le processus de paiement.

"Cela limite l'intérêt des cryptomonnaies pour les transactions quotidiennes, sans parler des paiements de gros. Plus les gens utilisent une cryptomonnaie, plus leurs paiements deviennent fastidieux. C'est la négation d'une propriété essentielle de l'argent actuel: plus les gens l'utilisent, plus ils sont incités à l'utiliser" conclut sévèrement la note.

Frédéric Bergé