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Comment l'État souhaite relancer le tourisme en France

Le gouvernement présente un plan à 40 millions d'euros pour soutenir le tourisme (image d'illustration)

Le gouvernement présente un plan à 40 millions d'euros pour soutenir le tourisme (image d'illustration) - Bertrand Guay - AFP

Le gouvernement vient d'annoncer une série de mesures et une enveloppe de plusieurs dizaines de millions d'euros pour défendre le tourisme en France. Un secteur en perte de vitesse depuis plus d'un an à la suite des attentats.

Les attentats, l'état d'urgence, les agressions de touristes, les tour-operators qui refusent d'assurer les voyageurs venant en France... L'accumulation de ces situations exceptionnelles pèse sur les affaires des professionnels du tourisme. Ces derniers estiment que le manque à gagner de la baisse du nombre de visites dépassera le milliard d'euros cette année. 

En réponse à cela, un comité interministériel, composé de Jean-Marc Ayrault (Affaires étrangères) et Bernard Cazeneuve (Intérieur) s'est réuni ce lundi à l’appel de Manuel Valls. À l'issue de cette réunion -une première en treize ans- l'exécutif a présenté un plan doté d'une quarantaine de millions d'euros visant à relancer le secteur touristique français. 

Renforcer la sécurité des zones touristiques 

Le premier volet de ce plan, qui avoisine 15 millions d’euros, concerne essentiellement la sécurité des touristes visitant la région parisienne. Concrètement, il est prévu d’équiper plusieurs zones touristiques de caméras de vidéosurveillance, notamment dans les secteurs entachés récemment par des braquages (tunnel du Landy, hôtels de la périphérie parisienne…). Une trentaine de musées et de salles culturelles doivent également voir leurs moyens de sécurité renforcés.

Des mesures doivent aussi permettre de favoriser le dépôt de plainte des touristes en séjour dans la capitale. Comme l’a annoncé Valérie Pécresse dimanche soir dans l'émission BFM Politique, l'Île-de-France va prochainement se doter de "commissariats mobiles". L'élue précise qu'ils seront implantés "sur des sites touristiques ou des nœuds touristiques, comme les gares". Interrogée sur l'échéance à laquelle fonctionnera un tel dispositif, la présidente de la région indique vouloir "mettre ça en place pour les vacances de Noël qui arrivent". 

Alors que les aéroports parisiens sont parfois confrontés à de longues queues aux entrées internationales du fait du renforcement des contrôles, des dizaines de bornes Parafe (passage accéléré par passeport biométrique) supplémentaires doivent être installées à Roissy et Orly.

L'état d'urgence, un dispositif "anxiogène" pour les touristes

Contacté par l'AFP, Didier Arino, directeur du cabinet Protourisme, estime que ces mesures sont "mieux que rien". Mais l'enveloppe de 40 millions d'euros qui y est accordée "est dérisoire par rapport aux retombées économiques des touristes étrangers en France qui s'élèvent à 50 milliards d'euros". Selon lui, la France "n'a pas les moyens de faire des campagnes promotionnelles à la hauteur de ce qu'elles devraient être, étant donné le préjudice subi après les attentats". Didier Arino appelle ainsi l’État à ne plus "jeter d’argent par les fenêtres et à mener une véritable politique touristique, permettant aux entreprises de ce secteur de rétablir leurs marges et donc d’investir".

Pour Didier Chenet, président du GNI (groupement national des indépendants) "c'est une très bonne chose que de rassurer les touristes sur le volet sécuritaire mais il n'y a pas que ça. Nous sommes dans une concurrence mondiale". Ce dernier plaide pour "absolument supprimer le terme d'état d'urgence qui fait fuir les touristes". Ce constat est également partagé par Valérie Pécresse qui souligne que ce dispositif est "anxiogène" pour les touristes. La présidente de la région Île-de-France souhaite donc remplacer son nom par quelque chose de différent, comme par exemple l'appellation "état de haute sécurité". 

Miser sur la communication

Le reste de l'enveloppe débloquée par le gouvernement concerne des mesures techniques de soutien financier au secteur, notamment concernant le travail partiel, des campagnes de communication et l'augmentation des aides sociales aux vacances des retraités non imposables. 

Avec pas loin de deux millions de touristes perdus en un an, la note est salée pour Paris et l'Île-de-France, où hôtels comme restaurants n'ont toujours pas retrouvé leurs clientèles étrangère et française après les attentats du 13 novembre 2015. Pour l'ensemble de l'Hexagone, les arrivées internationales (entre le 1er janvier et le 31 octobre) ont chuté de 8,1%, selon les données du gouvernement. Ce sont les Japonais (-39%) qui ont le plus déserté la France, suivis des Chinois (-23%), des Allemands (-10,8%) et des Américains (-4%). 

En mars 2016, le gouvernement avait déjà présenté un premier plan de relance du secteur touristique, qui pèse près de 7,5% du PIB puis débloqué 10 millions d'euros en septembre pour promouvoir la destination France.

Paris vote un plan tourisme

La ville de Paris a adopté lundi le premier schéma de développement touristique de l'histoire de la capitale", composé de 59 mesures concrètes qui seront mises en oeuvre d'ici à 2022.

Aménager un grand espace d'accueil au pied de la Tour Eiffel, créer une "Villa Médicis" de la gastronomie, faire émerger des nouveaux quartiers à découvrir, promouvoir le tourisme gay ou le tourisme du "savoir-faire" artisanal sont quelques-uns des projets de ce plan pour accueillir "plus et mieux" les touristes.

Aménager un grand espace d'accueil au pied de la Tour Eiffel, créer une "Villa Médicis" de la gastronomie, faire émerger des nouveaux quartiers à découvrir, promouvoir le tourisme gay ou le tourisme du "savoir-faire" artisanal sont quelques-uns des projets de ce plan pour accueillir "plus et mieux" les touristes.

A.M. avec AFP