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Comment l’intelligence artificielle prépare les médicaments du futur

Les souches microbiotiques vendues en pharmacie ne sont pas considérées comme des médicaments

Les souches microbiotiques vendues en pharmacie ne sont pas considérées comme des médicaments - Pixabay

Alors que le coronavirus inquiète le monde entier, l’intelligence artificielle pourrait apporter un levier formidable pour les laboratoires dans la mise au point de nouvelles molécules. GSK, Bayer ou encore Sanofi s'y intéressent de près.

Le vaccin contre le coronavirus sera-t-il développé par une intelligence artificielle ? Si les chercheurs du monde entier se sont déjà mis au travail, c'est peut-être un algorithme qui apportera une première réponse à la crise sanitaire. En tout cas, des dizaines de start-up planchent déjà sur la question, comme la britannique Benevolent AI ou le sud-coréen Deargen. L'idée est de passer en revue toutes les données des antiviraux connus et de tester ainsi leur potentiel face aux propriétés chimiques du coronavirus.

Selon le magazine Vox, Benevolent AI aurait ainsi identifié le baricitinib, une molécule initialement dédiée à la polyarthrite rhumatoïde, comme une réponse éventuelle au virus, en tant que traitement. S'il faut encore réaliser des tests concrets pour s'assurer de l'efficacité réelle de la molécule, la rapidité avec laquelle la start-up a finalisé sa quête a impresionné.

Un premier test en mars

L'intelligence artificielle dans le monde de la santé est en plein développement. Cette semaine, une étude, publiée dans le revue scientifique Cell, mettait en lumière un nouvel antibiotique très puissant, capable de tuer 35 bactéries provoquant des maladies mortelles, comme la tuberculose, de plus en plus résistante aux antibiotiques existantes.

En mars prochain, un premier médicament développé à l'aide d'une intelligence artificielle sera d'ailleurs testé. Il s'agit d'une molécule, baptisée DSP-1181, censée lutter contre le TOC (trouble obsessionnel compulsif).

Et l'utilisation de l'IA n'est plus l'apanage des petites medtech. Les grands industriels se sont aussi engouffrées dans cette brèche alléchante. A commencer par GlaxoSmithKline, qui recrute actuellement une équipe de 80 personnes pour sa cellule IA, à San Francisco. Début janvier, Bayer a rendu annoncé un accord avec Exscientia, une entreprise spécialisée dans ce type de recherche. Sanofi planche aussi sur le sujet, en s'alliant avec Google, l'année dernière pour mettre en place un laboratoire d’innovation commun…

"L’intelligence artificielle changera en profondeur notre manière d’appréhender les maladies et la santé. Dans 10 ans, l’avenir de la médecine sera totalement transformé par l’intelligence artificielle" assure Ameet Nathwani, Vice-Président Exécutif, Chief Medical Officer de Sanofi sur le site internet du groupe.

Pour ces grands laboratoires, il s'agit d'accélérer les processus et donc d'améliorer le taux de réussite, principal enjeu de cette industrie. Pour un coût évidemment moins élevé, espèrent-ils.

En réalité, tout est encore à démontrer. Les industriels, s'ils s'intéressent à l'IA, restent encore timides sur le plan financier, faute de résultats encore véritablement probants à constater pour le moment. Une autre question sera de savoir si les laboratoires profiteront de l'IA pour développer d'avantage de molécules, y compris les moins rentables... Une chose est sûre, il faudra encore quelques années de patience afin de voir apparaître ces médicaments du futur.

Thomas Leroy