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Comment la Chine veut dominer le marché des batteries pour voitures électriques

Parmi les fabricants de batteries, les géants chinois BYD et CATL (qui compte pour clients Volkswagen, Ford, Daimler...) s'appuient sur leur colossal marché intérieur.

Parmi les fabricants de batteries, les géants chinois BYD et CATL (qui compte pour clients Volkswagen, Ford, Daimler...) s'appuient sur leur colossal marché intérieur. - Greg Baker -AFP

Derrière le boom des ventes de voitures électriques, la Chine s'engage dans la bataille des batteries automobiles avec des géants aux ambitions mondiales. Le contrôle en amont sur les minerais (cobalt, lithium) nécessaires aux accumulateurs, fait partie de leur stratégie.

La Chine, premier marché automobile mondial, vise des ventes annuelles de 2 millions de véhicules électriques ou hybrides d'ici 2020, contre 780.000 unités l'an dernier, via d'ambitieux quotas imposés dès 2019. Cet essor fulgurant en Chine met à l'épreuve l'industrie de la batterie, composant onéreux déterminant l'autonomie du véhicule.

Peu de constructeurs automobiles se hasardent à en fabriquer eux-mêmes: le japonais Nissan s'est récemment séparé d'une production engagée avec son compatriote NEC. Parmi les fabricants de batteries, les mastodontes chinois BYD et CATL (qui compte pour clients Volkswagen, Ford, Daimler...) s'appuient sur leur colossal marché intérieur pour accélérer leur croissance et tenter de dominer ce marché mondial, d'autant que Pékin impose aux constructeurs d'utiliser des composants produits localement.

En parts du marché mondial, l'industriel chinois CATL pourrait quasi-égaler cette année le japonais Panasonic. CATL verra ses capacités de production quintuplées d'ici 2020 grâce à une usine chinoise géante et s'apprête aussi à implanter un site... en Europe.

Contrôler l'extraction du cobalt et du lithium en amont

Pour dominer le marché des batteries, encore faut-il s'assurer de l'approvisionnement en cobalt et lithium, matières premières indispensables à la confection des accumulateurs. Selon le FMI, la demande de cobalt, dopée par l'automobile, pourrait représenter trois fois la production actuelle d'ici 2025. Le cours du métal a déjà triplé depuis début 2016... et les nouveaux projets d'exploitation tardent. Le cobalt, sous-produit minier, dépend de la production d'autres métaux. "L'offre devrait rester relativement adéquate à moyen terme", tempère Gavin Montgomery, analyste de Wood Mackenzie. "Mais la volatilité subsiste et le marché se tend".

Aux aguets, l'industrie s'efforce de garantir ses approvisionnements et les firmes chinoises ont une longueur d'avance: "Elles contrôlent une grande partie de l'offre de lithium, via les groupes Tianqi, Ganfeng, divers investissements dans les mines australiennes...", relève Gavin Montgomery.

Tianqi veut monter au capital du chilien SQM, et, selon le cabinet RWR Advisory, les investissements chinois dans les mines de lithium dépassent le milliard de dollars. 

Les firmes chinoises investissent en République démocratique du Congo 

Sur le marché de l'extraction de cobalt, des firmes chinoises contrôlent nombre de petites mines en République démocratique du Congo (RDC), d'où provient 60% de l'offre mondiale, et China Molybdenum y a racheté un site majeur au géant minier Freeport pour 2,65 milliards de dollars.

La "vaste majorité" des exportations congolaises de cobalt sont destinées à la Chine, qui "possède 80% des capacités de production chimique de cobalt affiné", observe Gavin Montgomery. CATL, qui se fournit auprès du géant du négoce Glencore, reconnaît que les tensions du marché présentent "un risque".

BYD s'est lui associé au groupe chinois de potasse Qinghai Salt Lake pour son lithium: "prévoyant la raréfaction de l'offre, nous nous assurons la sécurité de nos sources d'approvisionnement", avance la directrice de communication Mia Gu. 

Les industriels se montrent simultanément soucieux de leur image, face aux ONG dénonçant le travail d'enfants dans l'extraction du cobalt en RDC: Daimler s'est engagé mercredi à enquêter sur des allégations sur les mines l'approvisionnant.

Pékin n'est pas en reste: la Chambre de commerce chinoise pour l'import-export de métaux a établi en 2016 "l'Initiative Cobalt responsable", rejointe par des géants de l'électronique comme Apple, mais aussi depuis récemment... par Daimler. À terme, les avancées technologiques pourraient apporter une solution en abaissant drastiquement le niveau de cobalt des batteries, en sabrant les coûts: c'est notamment ce que promet l'américain Tesla.

BFMBusiness avec AFP