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Comment la maladie de Steve Jobs a donné à Apple l'idée de cette appli

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Dans son prochain OS, Apple va permettre à ses utilisateurs de devenir donneurs d'organes grâce à une application. Une idée née lorsque Steve Jobs attendait une transplantation du foie durant sa maladie.

Faire un don d'organe? Il y a une appli pour ça. Ou plutôt il y aura bientôt une appli pour ça. Dans la prochaine mise à jour du logiciel de l'iPhone (iOS 10) prévue cet automne, Apple va proposer une fonctionnalité qui permettra aux utilisateurs de s'inscrire en quelques secondes comme donneurs d'organes. Dans l'application santé, un bouton sera prévu à cet effet.

Cette fonctionnalité ne sera accessible dans un premier temps qu'aux utilisateurs américains. Car c'est aux États-Unis que les pénuries d'organes sont les plus problématiques. Si en France ce sont 200 personnes qui décèdent en moyenne chaque année dans l'attente d'un rein par exemple, aux États-Unis ce sont 7.000 personnes qui meurent en attendant une transplantation. Soit 35 fois plus de cas pour une population qui n'est que 5 fois supérieure. Au total, ce sont 22 personnes qui décèdent chaque jour aux États-Unis en attente d'une transplantation.

Quand Tim Cook proposait son foie à Steve Jobs

Et cette terrible attente qu'un organe soit disponible, Steve Jobs, le patron décédé d'Apple l'a bien connue. C'est même à cause de cela que Tim Cook, l'actuel PDG d'Apple, a insisté pour que la marque développe une telle application. Pour rappel, en 2009, Steve Jobs alors atteint d'un cancer du pancréas devait subir une transplantation du foie. L'attente durera des semaines durant lesquelles son état se dégradera. L'actuel patron d'Apple, compatible avec le groupe sanguin de Jobs lui proposera même une greffe partielle de son propre foie. Ce que le fondateur d'Apple a refusé. Et c'est au cours de ces visites quotidiennes de Cook à Jobs que l'idée d'une application de donneurs d'organes est apparue.

Avec cette application, Apple espère réduire la liste d'attente des personnes qui attendent un don d'organe. Aux États-Unis, une personne y est ajoutée toutes les 10 minutes. "S’enregistrer comme donneur d’organe ne prendra que quelques secondes et peut aider à sauver jusqu’à huit vies", estime Jeff Williams, l’un des responsables d’Apple, cité dans un communiqué. Le don d'organes suscite de nombreux débats aux États-Unis. Fin 2014, un groupe d’experts avait sollicité le gouvernement américain pour repenser le système de don actuel basé sur le volontariat. Ils avaient notamment proposé des compensations aux donneurs comme des assurances santé à vie, des crédits d’impôts ou encore des frais d’université couverts. 

La tech au service de la médecine

C'est peut-être finalement la technologie qui permettra d'améliorer le système. D'une part en automatisant le consentement avec cette application et en améliorant la connectivité avec les centres de transplantation, et d'autre part en développant des techniques médicales de reconstitution des tissus et des organes qui pourraient à terme remplacer le système de don actuel. L'État américain y consacre 200 millions de dollars par an. 

Et Apple n'est pas la seule entreprise de la tech américaine à s'investir pour cette cause. Facebook permet depuis 2012 à ses utilisateurs américains et britanniques d'ajouter un statut dédié pour les donneurs d'organes afin de permettre de mettre en relation donneurs et patients en attente d'une transplantation. Google, Twitter ou encore Tinder ont aussi proposé des initiatives de sensibilisation. 

En France, le consentement est présumé

Si aux États-Unis, les donneurs d'organes doivent se signaler comme tels, en France en revanche c'est le contraire. Notre système fondé sur le principe de solidarité considère que par défaut tout le monde est donneur sauf s'il en a exprimé le refus sur le registre national dédié ou en a informé ses proches. C'est le consentement présumé. Les médecins consultent ainsi ce registre et interrogent les proches avant de réaliser un prélèvement d'organe.

Frédéric Bianchi