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Comment les équipementiers automobiles français ont gagné leur pari 

Innovation et internationalisation, telle est la recette du succès des grands équipementiers automobiles français.

Innovation et internationalisation, telle est la recette du succès des grands équipementiers automobiles français. - Robyn Beyck - AFP

Faurecia, Michelin, Plastic Omnium et Valeo ont enregistré au premier semestre d’excellentes marges opérationnelles. Voici la recette de leur succès au plan mondial.

Hydrogène, voiture connectée et hybride, ce n’est que pas le programme de développement des grands constructeurs. C’est aussi celui des quatre grands équipementiers français. Faurecia, Michelin, Plastic Omnium et Valeo ont dévoilé fin juillet des résultats financiers en pleine croissance au 1er semestre, avec des marges opérationnelles à faire pâlir un constructeur comme Volkswagen. La recette de leur succès en quatre citations de leurs patrons.

"Cette année, nous lançons deux nouveaux véhicules tous les trois jours", résume Laurent Burelle, président directeur général de Plastic Omnium

Premier élément du succès des équipementiers: la diversification des clients. Souvent centrés il y a encore dix ans sur le marché français, les Plastic Omnium et consorts travaillent aujourd’hui pour les groupes mondiaux, à commencer par les Allemands et Américains. La conquête se fait désormais chez les Chinois, les Coréens, mais aussi auprès des sociétés de la Silicon Valley (Tesla ou Google). Chez Plastic Omnium, on rappelle cependant une règle sacrée: un client ne doit pas dépasser plus de 15% du chiffre d'affaires.

"Michelin construit cette usine pour répondre à la forte croissance de la filière automobile au Mexique", résume Jean-Dominique Sénard, président de Michelin

C’est la conséquence directe de la diversification du portefeuille: la production locale. Le plus gros investissement du pneumaticien en 2016 atteint les 450 millions d’euros pour une nouvelle usine au Mexique, en plein boom pour servir le marché nord-américain. "Nous fabriquons dans la monnaie locale", ajoute Laurent Burelle, qui ne voit pas le Brexit comme une catastrophe, à court terme du moins. "La Livre a baissé de 10% depuis le vote, la Grande-Bretagne a gagné 10% de compétitivité sur la même période", résume le PDG de Plastic Omnium, qui fournit 100% des pare-chocs de Jaguar-Land-Rover. La recette française ne vaut qu'avec un strict contrôle des coûts.

"La cession de notre activité extérieurs va nous permettre de nous recentrer sur la mobilité durable et le cockpit du futur", annonce Patrick Koller, directeur général de Faurecia

Fini les pièces de carrosserie, bonjour les moteurs propres! "Les grands équipementiers sont très forts en termes d’innovations et de technologie", résume Jacques Maugé, président de la FIEV (Fédération des Industries d’Equipements pour Véhicules). Petit à petit, Faurecia ou Valeo se sont débarrassés des activités classiques de la sous-traitance pour miser sur la dépollution des moteurs, l’électrique, l’hybride et demain, pourquoi pas l’hydrogène, comme l’annonce Plastic Omnium.

"Valeo sera une entreprise sans papier d’ici la fin de l’année prochaine", ambitionne Jacques Aschenbroich de Valeo

C’est l’autre pôle de valeur des grands équipementiers français: la connectivité. Le leader est sans conteste Valeo, qui depuis l’acquisition en 2007 de Connaught, société irlandaise spécialisée dans les caméras, s’est rendu indispensable aux grands constructeurs. Radars, capteurs, caméras donc, le Français dispose de prototypes de voitures autonomes… et sert désormais les géants de la Silicon Valley, en Californie, comme Tesla ou Google. 

Pauline Ducamp