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Comment Point Vision a réduit le délai pour consulter un ophtalmo

Les centres de Point Vision sont organisés sur le même modèle avec des box de consultation, des salles où les équipements lourds sont mutualisés, pour doper les gains de productivité.

Les centres de Point Vision sont organisés sur le même modèle avec des box de consultation, des salles où les équipements lourds sont mutualisés, pour doper les gains de productivité. - Point Vision

Les 20 centres Point Vision prévoient en 2016 d'accueillir 600.000 patients avec un délai d'attente réduit à 6 jours. Chaque centre, dirigé par un médecin, est organisé de la même façon, avec prise de rendez-vous en ligne, box de consultation et équipements médicaux lourds mutualisés.

Un réseau de soins qui repose sur une solide optimisation économique, tout en comblant la pénurie de spécialistes? C'est la subtile alchimie qu'est en train de réaliser Point Vision. Ses 17 centres médicaux (très bientôt 20) en ophtalmologie devraient accueillir 600.000 patients en 2016 et franchir la barre du million en 2017. Son centre parisien du quartier de la Madeleine reçoit en moyenne 300 patients par jour.

Fondée en 2011, la compagnie holding qui chapeaute ces centres a levé 16 millions d'euros en plusieurs fois depuis sa création. Cet OVNI dans le milieu médical, dans lequel business et soins ne font pas toujours bon ménage, a atteint 20 millions d'euros de chiffre d'affaires en 2015 et fait travailler 350 personnes dont environ 250 salariés.

La promesse: honorer un rendez-vous en 6 jours au plus

"Notre promesse consiste à garantir un rendez-vous en six jours dans la plupart de nos centres ouverts 6 jours sur 7, même si, dans certaines villes, ce n'est pas toujours évident. Le samedi, nous manquons parfois de médecins disponibles" explique François Pelen, cofondateur de Point Vision avec Patrice Pouts et Raphaël Schnitzer. Cependant, au centre de Toulouse, aucune consultation, en ce tout début juillet, n'était disponible sur Internet, avant le 21 septembre 2016. "Dès qu'un créneau se libère dans un centre, il est mis en ligne sur son site internet. À Lyon, où les files d'attente s'allongeaient dans notre premier centre, nous en avons ouvert un deuxième pour le désengorger" explique François Pelen.

Non contents de surfer sur la pénurie d'ophtalmologistes en France, les centres Point Vision proposent une consultation de base à 28 euros, complétée éventuellement par des examens médicaux complémentaires facturés en sus, au tarif conventionnel.

Pour tenir ce modèle économique en termes d'offre de soin, la recette de l'entreprise repose sur une organisation très optimisée. "Nous avons retravaillé toute la chaîne de valeur des soins en ophtalmologie" explique François Pelen dont le passage au sein du laboratoire Pfizer a forgé les convictions en matière d'efficacité économique.

Des centres médicaux tous organisés au cordeau

Tout commence par la prise de rendez-vous sur Internet. Ensuite, chaque centre médical est organisé de la même façon. Sur une surface de 300 à 350 mètres carrés, on trouve un accueil, une salle d'attente et une dizaine de box de consultation. S'y ajoutent des salles où sont installés les équipements lourds partagés comme les rétinographes qui prennent des clichés du fond de l'oeil en très haute résolution. Cette mutualisation de matériels coûteux est aussi un facteur d'économie.

Autres axes de rationalisation: l'automatisation des examens grâce à des équipements dernier cri et une meilleure répartition des tâches entre médecins et orthoptistes. "Dans nos centres, ces professionnels paramédicaux réalisent des mesures de réfraction de l'oeil pour évaluer la correction des verres. Ils peuvent aussi réaliser la mesure de la tension oculaire. Ces résultats sont ensuite transmis et analysés par l'un des ophtalmologistes du centre. C'est autant de temps gagné pour les médecins qui peuvent, ainsi, voir plus de patients", souligne le cofondateur et président du groupe Point Vision.

La société recrute des ophtalmologistes à la retraite

La société va ouvrir en 2016 trois centres supplémentaires en s'implantant dans des villes moyennes comme Lens ou Cavaillon mais environnées par un bassin de population important. Á chaque fois que Point Vision débarque dans une ville, toute publicité lui est strictement interdite comme le lui impose le code de déontologie médicale.

Mais ce n'est pas un problème pour le réseau de soins. "Mon souci n'est pas tant de recruter des patients mais des médecins" explique François Pelen. Le nerf de la guerre pour le réseau de soins reste sa capacité à attirer des ophtalmologistes pour satisfaire ses objectifs: disposer d'un réseau de 50 centres de soins d'ici 2020. Il fait déjà travailler environ 160 médecins, dont une bonne partie sont à temps partiel.

"Nous essayons de convaincre des ophtalmologistes retraités de reprendre une activité à temps partiel. En général, ils préfèrent être salariés. En travaillant deux jours complets par semaine, certains peuvent doubler leur retraite, en s'évitant d'avoir à gérer à nouveau la partie administrative" explique le cofondateur de Point Vision. Selon ce dernier, le statut de salarié plairait aussi à certains jeunes ophtalmologistes fraîchement diplômés. Ils n'ont ainsi pas à affronter la paperasserie, tout comme leurs aînés...

Frédéric Bergé
https://twitter.com/BergeFrederic Frédéric Bergé Journaliste BFM Éco