BFM Business
Transports

Comment se portent les "cars Macron" deux ans après leur création

Deux ans après le vote de la "loi Macron" libéralisant le transport de voyageurs par autocar, le secteur a fortement progressé mais peine toujours à être rentable.

La révolution annoncée se fait attendre. Le transport de voyageurs par autorcar ne représente aujourd'hui que 1% des voyages de longue distance. Mais avec 25% de croissance depuis le début de l'année, ce moyen de transport est en pleine expansion. "Le marché a décollé très vite car il y avait un vrai besoin" indique le directeur général de Flixbus, conscient que cela "aurait pu mettre plus de temps à s'installer".

Yves Lefranc-Morin, dont l'entreprise est désormais leader du marché, indique que "le nombre de passagers transporté a augmenté de 70% en un an". Alors qu'il s'est fixé comme objectif de transporter 5,5 millions de voyageurs d'ici la fin de l'année 2017, sa compagnie "a transporté, entre janvier et juillet 2017, 3,3 millions de voyageurs. Ce qui correspond, en sept mois, au nombre total de passagers transportés sur l'année 2016". Ce succès s'explique, en grande partie, par les tarifs pratiqués par les autocaristes.

Les hommes d'affaires se laissent séduire

Le car "est aujourd'hui le mode de transport le moins cher, et n'est pas inconfortable" glisse le directeur général de Flixbus. Avec leurs politiques tarifaires agressives, les trois sociétés qui se disputent le marché -Flixbus mais aussi Ouibus (filiale de la SNCF) et Isilines (Transdev)- ont su séduire les étudiants, c'est-à-dire "ceux qui ont du temps mais pas beaucoup d'argent pour voyager", comme le familles et.. les professionnels.

"Sur certains types de lignes, nous transportons de plus en plus de professionnels" indique Yves Lefranc-Morin. Ces clients "se rendent comptent que les lignes de train ne fonctionnement pas très bien ou ne sont pas très rapides" indique-t-il en citant les liaisons Paris-Le Havre ou Paris-Rouen.

La rentabilité n'est toujours pas au rendez-vous

Si les "cars Macron" se remplissent de plus en plus et desservent désormais de nombreuses villes, le modèle économique est encore déficitaire. Pour le moment, aucune compagnie ne gagne de l'argent.

"Aucun business ne part de zéro et devient rentable en quelques mois. C'est tout à fait normal" indique le directeur général de Flixbus. "On est rentables au niveau du groupe (la maison-mère Flixbus est allemande) depuis 2017 et on pense que la filiale française le sera l'année prochaine" avance Yves Lefranc-Morin, tout en réfutant vouloir augmenter les prix des trajets. "On mise plutôt sur l'augmentation du taux de remplissage. Le vrai enjeu c'est de réussi à remplir les sièges vides tout au long de l'année", précise-t-il. À condition désormais d'améliorer les conditions d'accueil des passagers.

Un récent rapport de France Stratégie sur l'avenir du transport de voyageurs par autocar pointe du doigt l'état des gares routières françaises. Souvent austères, elles sont mal adaptées aux voyages de longue distance. Leur modernisation est le prochain enjeu des collectivités territoriales et des autocaristes.

Antonin Moriscot avec Lucas de Villepin