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Comment Tesla peaufine sa voiture autonome grâce à ses Model S

Les Model S sont commercialisées depuis 2012.

Les Model S sont commercialisées depuis 2012. - Flickr - cc -Wolfram Burner

"Le constructeur de voitures électriques recueille des informations de navigation depuis un an et demi sur les véhicules achetés par des particuliers. Le logiciel de bord envoie ces données par Internet directement au département R&D de Tesla."

Les Model S de Tesla ont une particularité: elles sont équipées d’une connexion à Internet permanente. Bien pratique pour les automobilistes, cette option confère aussi un avantage non négligeable à Tesla dans ses recherches sur la voiture sans chauffeur.

Le véhicule étant connecté en permanence, la firme peut discrètement récupérer les données de circulation des Model S, et en particulier leur comportement lorsqu’elles circulent en mode "auto-pilote", comme cela est autorisé aux États-Unis. La firme s'y adonne depuis un an et demi.

"Nous étions à la traîne"

Les propriétaires de ces voitures électriques commercialisées depuis 2012 n’en avaient pas forcément conscience. Mais cette semaine, le directeur des programmes d’auto-pilote de Tesla tenait une conférence organisée par la MIT Tech Review, le magazine Tech qui dépend du Massachusetts Institute of Technology. C'est à cette occasion qu’il a raconté comment l’entreprise utilisait ces données de navigation.

"Nous étions à la traîne" comparé à Google, a reconnu Sterling Anderson, avant d’expliquer: "Nous avons constaté qu'il n'y a pas de substitut pour les données empiriques du monde réel". L’optimisation de la future voiture entièrement autonome de Tesla se fait donc sur la base de données issues de situations réelles plutôt que d’expériences. 

Il s’agit notamment d’observer ce qui pose problème, d’étudier la façon dont les conducteurs réagissent aux fonctionnalités progressivement déployées grâce aux mises à jour: régulation de la vitesse, système d’alerte anti-collision, parking automatique… Les Model S sont équipées d’une douzaine de capteurs à ultrasons. C’est par leur intermédiaire que le logiciel de bord enregistre les informations, ensuite transmises automatiquement au constructeur.

Polémique

D’après Sterling Anderson, la récolte de ces données de situations réelles a permis un bond considérable dans l’avancée des recherches pour concevoir la future voiture sans chauffeur de son employeur. "La capacité à extraire des données à haute résolution depuis ces véhicules et de les mettre à jour à distance est ce qui nous a permis de passer d’une situation où nous étions à la traîne à la situation actuelle, avec l’un des programmes auto-pilote les plus aboutis du moment", s’est enorgueilli mardi ce diplômé en ingénierie mécanique du MIT.

Reste que cette collecte de données a suscité la polémique au sein de la communauté des observateurs du monde automobile. Certains s’interrogent sur la façon dont Tesla Motors a informé ses clients de cette soudaine collecte automatisée d’informations. D’autant que cela fait écho à la découverte d’un logiciel truqué au mois de septembre sur des véhicules Volkswagen. Un scandale qui a fait grand bruit.

Adeline Raynal