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Comment Uber compte soigner ses chauffeurs pour redorer son image

La filiale française a dévoilé un plan d'accompagnement pour ses chauffeurs - Image d'illustration

La filiale française a dévoilé un plan d'accompagnement pour ses chauffeurs - Image d'illustration - Pexels

Uber France vient de dévoiler un programme d'aide pour ses chauffeurs, afin de leur permettre de mieux gagner leur vie. "Un changement stratégique" selon son patron France après des années de forte croissance.

"Uber doit changer". Ce n'est pas un ministre des Transports, ni le patron d'une compagnie de taxis ou un représentant syndical de VTC qui tient ce propos. Mais le nouveau patron d'Uber France, Steve Salom, qui l'assurait ce lundi 19 juin à l'occasion d'un point presse. Critiqué au niveau mondial avec les affaires de son patron Travis Kalanick, stigmatisé en France par certains chauffeurs qui se sentent exploités, Uber devait réagir sous peine d'assister à une fuite de ses chauffeurs et de ses clients. 

Et après la période de forte croissance avec un chiffre d'affaires multiplié par 13 en deux ans (6,5 milliards de dollars en 2016), Uber assure maintenant vouloir entrer dans "une phase pérenne". Autrement dit, ne plus être le symbole d'une nouvelle économie parfois considérée comme sans foi ni loi. Et pour cela, la filiale française a dévoilé un plan d'accompagnement pour ses chauffeurs. L'objectif est de leur permettre de mieux gagner leur vie et de prévenir les mouvements sociaux, comme la grogne de décembre dernier

La firme va donc doubler les effectifs d'accompagnement des chauffeurs (aujourd'hui de 50 personnes) et ouvrir un nouveau centre d'accueil en Ile-de-France (dans Paris) après celui d'Aubervilliers. Surtout, Uber multiplie les initiatives d'accompagnement avec la mise en place de tables rondes avec les chauffeurs tous les 15 jours, la diffusion de podcasts thématiques d'information pour les chauffeurs, la création de panels de chauffeurs pour statuer sur les cas de désactivation de compte, etc. 

Jusqu'à 600 euros net en plus par mois

Uber a ainsi détaillé comment la société comptait dépenser l'argent du fonds créé fin 2016 pour les chauffeurs en difficulté. Cette enveloppe financière, d'un montant de deux millions d'euros, a finalement été transformée en un "dispositif sans plafond financier". Quelque "1,8 million d'euros ont été investis déjà. On va dépasser très allègrement l'enveloppe de deux millions d'euros dans les prochaines semaines", a indiqué le directeur France d'Uber.

Cette somme a servi à financer l'accompagnement par un prestataire extérieur de "plusieurs centaines de chauffeurs" qui rencontraient des difficultés financières, sur trois sujets: le coût du véhicule, le statut juridique et fiscal de l'entreprise, et la diversification de leur activité. Concrètement, cette société spécialisée dans l'accompagnement d'entrepreneurs indépendants cherche à réduire les postes de dépenses des chauffeurs pour améliorer leurs marges. Sur le cas précis exposé ci-dessous, elle conseille au chauffeur d'acquérir son véhicule plutôt que de le louer et lui indique les meilleurs moyens de financement et les dispositifs mis en place par les régions et BPIFrance pour se porter caution. Le gain estimé en l'espèce est de 600 euros net par mois.

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Par ailleurs, la compagnie s'est engagée à financer une partie de la formation des chauffeurs Loti (transport collectif à la demande), qui devront à partir du 1er janvier 2018 être titulaires de l'examen VTC pour exercer.

Le taux de commission ne bougera pas

"On s'est engagé à hauteur de 200 euros par chauffeur", soit jusqu'à 3 millions pour les 15.000 chauffeurs Loti que compte l'Hexagone, "on est prêts à le faire, si on peut aider ces chauffeurs à pérenniser leur activité et devenir VTC", a assuré Steve Salom. 

En revanche, la firme ne compte pas revenir sur le niveau de commission, pomme de la discorde en décembre dernier avec les chauffeurs. La compagnie américaine avait fait passer son taux de 20 à 25%, ce qui avait déclenché la colère de chauffeurs. "Nous ne sommes pas une société rentable et nous avons besoin de financer nos importants investissements, s'est justifié Steve Salom. Mais il y a plein d'autres moyens pour aider nos chauffeurs".

Frédéric Bianchi
https://twitter.com/FredericBianchi Frédéric Bianchi Journaliste BFM Éco