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Concurrence: Facebook lance les grandes manœuvres pour éviter les lois antistrust

Mark Zuckerberg

Mark Zuckerberg - GERARD JULIEN / POOL / AFP

Visé par des enquêtes sur d’éventuelles pratiques anticoncurrentielles, le réseau social a annulé le rachat d’une startup et tente de consolider son groupe pour éviter un démantèlement.

L’étau se resserre pour Facebook. A l’instar d’autres géants du numérique, le réseau social de Mark Zuckerberg est désormais dans le viseur de la justice américaine, qui reproche aux GAFA leurs positions dominantes. Avec un risque sérieux d’être démantelés au nom de la sacro-sainte concurrence.

Pour éviter d’en arriver là, Facebook semble avoir pris les devants. Selon le New York Times, l’entreprise aurait mis fin, en décembre dernier, à des pourparlers pour l’acquisition de Houseparty, une application de discussion par vidéos, très en vogue chez les jeunes américains. Or, le marché des moins de 24 ans fait partie des priorités de Facebook. Mais les discussions, pourtant « très avancées » selon les sources du New York Times, ont été interrompues par peur d’attirer l’attention des législateurs. Houseparty a finalement été racheté par Epic Games, le studio de jeu derrière « Fortnite », en juin.

Anticiper les risques de démantèlement

Pour rappel, le 24 juillet dernier, Facebook annonçait officiellement qu’elle était l’objet d’une enquête de la Commission fédérale du commerce (FTC) sur la base des lois antitrust. Elle s’ajoute à l’enquête, plus large, lancée par le département de la Justice des États-Unis (DOJ) sur les géants du numérique.

Ces derniers mois, de nombreuses voix se sont élevées pour réclamer le démantèlement des GAFA. A commencer par Chris Hughes, le cofondateur de Facebook qui serait en discussion avec les régulateurs américains pour déterminer la meilleure approche contre Facebook.

Le géant californien a d’ailleurs entamé de grandes manœuvres pour éviter d’être scindé, notamment en rapprochant les messageries Facebook Messenger, Instagram et WhatsApp afin de les rendre plus interdépendantes et éviter leur possible départ forcé de la maison-mère. Mais ces rapprochements sont surveillés de près et doivent répondre à une réelle nécessité d'activité, selon les lois antitrust.

Des résultats impressionnants 

Le démantèlement reste probablement un vœu pieu pour les critiques de Facebook, Google ou Apple. « Je ne pense pas que les Etats-Unis soient sérieusement enclins à démembrer ces sociétés, parce qu’ils ont encore plus peur que les entreprises chinoises ne deviennent encore plus grosses », commente ainsi Patrick Moorhead, fondateur du cabinet Moor Insights & Strategy.

Au-delà des questions de concurrence, le réseau social traverse une période compliquée. Le mois dernier, il a accepté de verser 5 milliards de dollars, une amende record, pour clore une enquête sur sa gestion des données personnelles, suite au scandale Cambridge Analytica.

Une goutte d’eau pour l’entreprise qui a tout de même dégagé un bénéfice net de 2,6 milliards de dollars au deuxième trimestre, en ôtant le montant de l’amende. Reste que Facebook va se montrer désormais plus prudent pour éviter d’enchainer les déboires judiciaires.

Thomas LEROY