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Confrontés aux prix fous de la vanille, les industriels se mobilisent

Le prix du kilogramme de vanille de Madagascar a été multiplié par huit en quatre ans, et sa demande ne cesse d'augmenter.

Le prix du kilogramme de vanille de Madagascar a été multiplié par huit en quatre ans, et sa demande ne cesse d'augmenter. - Rijasolo-AFP

Le cours de la vanille a été multiplié par huit de 2014 à 2017. La faute à plusieurs récoltes stagnantes ou en baisse à Madagascar, qui assure 80% de la production mondiale. Face à cette pénurie, les industriels se mobilisent pour remettre sur pied une filière de production.

Quand le prix de la vanille flambe, les glaciers et pâtissiers, artisans comme industriels, frémissent... Le cours des gousses de vanille de Madagascar, qui assure 80% de la production mondiale, n'a cessé d'augmenter depuis 2014. Ainsi, les prix de la vanille ont été multipliés par 8 en 4 ans.

Durant l'été 2017, le prix du kilogramme de vanille de Madagascar a atteint le prix astronomique de 700 dollars contre 90 dollars environ début 2014 (cf infographie ci-dessous), rejaillissant sur celui des lots de gousses de la précieuse épice qu'achètent aussi les professionnels.

Une production malgache désorganisée

"Aujourd'hui, cette situation est préoccupante. Les entreprises de cette filière sont confrontées à une offre limitée de matière et à des prix d'achat très élevés" juge Olivier Touzalin, président du SNPE (syndicat national des transformateurs de poivres, épices, aromates et vanille). "Compte tenu du prix actuel, certains professionnels peuvent être contraints de renoncer à un ingrédient naturel de base de la cuisine, devenu inabordable" ajoute t-il.

Plusieurs facteurs se sont conjugués pour créer cette situation tendue du côté de l'offre alors que la demande de vanille naturelle continue à augmenter.

Le quasi abandon des autres pays producteurs (Inde, Indonésie, Ouganda) a conduit à une dépendance croissante à Madagascar. Or ce pays, par ailleurs très pauvre, a vu sa production désorganisée par la spéculation et des aléas climatiques.

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- © Le kilogramme de vanille de Madagascar a atteint les 700 dollars.

"Par crainte des vols sur les plantations, les producteurs locaux récoltent leurs gousses bien avant qu'elles n'arrivent à maturité, parfois dès février. Or, le taux de glucovanilline, qui préfigure la qualité aromatique, se développe de façon exponentielle dans les dernières semaines du cycle, soit entre mai et juillet" déplore le SNPE. Manque de chance, la production en 2017 a été affectée en mars par le cyclone Enawo qui aurait détruit entre 10 et 20% des cultures malgaches de vanille.

Confrontés à une filière de production durablement fragilisée, les industriels de l'agroalimentaire et tous ceux concernés par la transformation de la vanille, ont décidé de prendre l'initiative.

Le fonds Livelihoods, à l'origine duquel se trouvent notamment Danone et Mars, a lancé durant l'été 2017 un projet visant à former les agriculteurs malgaches à des pratiques d’agroforesterie qui augmentent la productivité et la qualité de la vanille. Une coopérative sera structurée avec l’ONG malgache Fanamby. Elle mettra les producteurs en relation directe avec le marché et gérera la collecte, la transformation et la vente de la vanille.

Des initiatives en faveur d'une production plus équitable

Par ailleurs, des entreprises impliquées dans la filière vanille en Europe et aux États-Unis se sont regroupées dans une plateforme interprofessionnelle, SVI (Sustainable Vanilla Initiative). Sous pilotage de l'organisation néerlandaise IDH (the Sustainable Trade Initiative), ses 22 membres "ont pris l'engagement de renouer avec une qualité pérenne en restaurant les bonnes pratiques culturales dans le respect de l'environnement, de motiver les producteurs par une rémunération plus juste et d'encourager l'offre et la demande pour une vanille plus durable" explique le SNPE.

Enfin, la désorganisation du marché malgache pourrait faire le bonheur de vanilles de qualité issues d'autres zones géographiques comme celle des outre-Mer: la Réunion et sa vanille Bourbon, la Nouvelle-Calédonie et Tahiti. "La production de vanille des DOM-TOM est très limitée. Avec moins de 10 tonnes par an sur une demande d’environ 2500 tonnes, elle ne peut compenser la pénurie constatée" tempère le SNPE.

Frédéric Bergé