BFM Business
Conso

Consommation des appareils électroménagers: "Les industriels jouent avec les règles"

Les tests de consommation énergétique ne seraient pas fiables, selon le BEE.

Les tests de consommation énergétique ne seraient pas fiables, selon le BEE. - Martin Bureau - AFP

Selon une étude du Bureau européen de l'environnement, les tests mesurant l'efficacité énergétique des appareils électroménagers ne seraient pas fiables. L'association UFC-Que Choisir demande un changement de réglementation.

Une nouvelle étude risque de semer le trouble chez le consommateur. Il y a quinze jours, le Parlement européen donnait son feu vert à la création d'une nouvelle étiquette énergie, l'actuelle qui date de 1992 étant jugée obsolète et incompréhensible. Une évolution importante pour les ménages, sachant que, selon Bruxelles, les économies pour les foyers investissant dans les appareils les moins gourmands en énergie pourront se monter jusqu'à 500 euros par an. Et cette nouvelle étiquette les y aidera. C'est en tout cas ce qu'elle est censée faire.

Mais une étude du Bureau européen de l'environnement, dévoilée par Le Parisien, pourrait tout remettre en cause. Cette association a réalisé des tests sur une vingtaine d'appareils en "conditions réelles", telles que les clients les utilisent chez eux. Et lors de ces expériences, ces appareils consommaient plus que lors des tests en laboratoire. Le quotidien cite Benoît Hartmann, directeur général du Cler, une association partenaire du Bureau européen de l'environnement, qui fait le parallèle avec le scandale du dieselgate où les véhicules polluaient plus sur les routes qu'en laboratoire.

Plusieurs sonnettes d'alarme

Ce n'est pas la première fois que la sonnette d'alarme est tirée. En octobre 2016, UFC - Que Choisir a mené une enquête qui soulignait la méfiance des consommateurs sur l'origine et la fiabilité des données sur les étiquettes. "Plusieurs campagnes européennes de contrôle ont bel et bien montré des grands écarts de consommation par rapport aux allégations sur l’étiquette. Par exemple, dans le cadre du projet MarketWatch financé par la Commission européenne et auquel UFC - Que Choisir a activement participé, près d’un produit testé sur 5 sous-estimait sa consommation réelle", dénonçait l'association de consommateurs.

Plus récemment, le 16 juin dernier, UFC-Que Choisir a dénoncé les tests sur les climatiseurs: "Les résultats de nos tests en laboratoire de climatiseurs mobiles monoblocs montrent que les fabricants ont tendance à utiliser la norme de calcul de l'efficacité des appareils à leur avantage, afin que leurs modèles s'affichent dans les meilleures classes énergétiques".

Des tests pas adaptés

Pour autant, UFC-Que Choisir tempère. "Ce n'est pas illégal. Les industriels jouent avec les règles. C'est ce que nous appelons de l'optimisation réglementaire", explique à BFM Business Nicolas Mouchnino, chargé de mission énergie et environnement chez UFC-Que Choisir. En effet, la réglementation européenne impose un certain nombre de tests mais "les critères ne sont pas très réalistes et la marge de tolérance est trop élevée". L'association donne l'exemple du lave-linge où le test impose un lavage au coton standard à 60 degrés. Programme de la machine qui n'est pas le plus énergivore. Ou encore le test de l'aspirateur où l'engin passe cinq fois de suite au même endroit avec un sac vide. Ou encore le contrôle de réfrigérateur où l'appareil reste porte close plusieurs heures. Dans le cas d'une famille avec enfants, c'est une situation qui n'arrive jamais.

Si ces tests ne sont pas adaptés, c'est tout simplement parce qu'à l'origine ils n'étaient pas faits pour cela. Nicolas Mouchnino nous explique, en effet, que l'étiquette énergétique servait à pouvoir comparer les équipements entre eux. Les industriels réalisaient donc une série commune de tests, qui ne servait pas à voir la consommation énergétique de chaque produit, et qui n'était pas un instrument de mesure.

L'association demande donc un changement de réglementation avec des tests plus proches de la réalité et une marge de tolérance moins large. Mais UFC-Que Choisir exige aussi plus de contrôle de la part des pouvoirs publics. "Aujourd'hui, c'est le flou total. Les pouvoirs publics commencent tout juste à s'en inquiéter", précise le chargé de mission.

Diane Lacaze