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Air France: les salariés rejettent l'offre de la direction, son PDG démissionne

La consultation du personnel d'Air France a pris fin ce vendredi. Les salariés ont décliné à 55,44% la proposition d'accord salarial formulée par la direction. En réaction, le patron de la compagnie aérienne, Jean-Marc Janaillac, a présenté sa démission.

Jean-Marc Janaillac perd son poste de PDG d'Air France. Au terme d'une consultation électronique, lancée le 26 avril, les salariés de la compagnie aérienne française ont décliné à 55,44% la proposition d'accord salarial présentée mi-avril par la direction.

Selon la compagnie, le taux de participation s'est élevé à 80,33% parmi les 46.771 salariés d'Air France (sous contrat français) invités à répondre à la question: "Pour permettre une issue positive au conflit en cours, êtes-vous favorable à l'accord salarial proposé le 16 avril 2018 ?".

Pour rappel, cette proposition d'accord salarial prévoyait pour la période 2018-2021 "des augmentations générales de salaire de 7% sur quatre ans, s'ajoutant aux augmentations individuelles".

Le patron de la compagnie présente sa démission 

À l'issue de l'annonce des résultats de cette consultation, Jean-Marc Janaillac, le PDG du groupe Air France-KLM, a annoncé qu'il allait quitter l'entreprise, conformément à ce qu'il avait indiqué lors du lancement de ce vote interne.

"J'assume les conséquences de ce vote et je remettrai dans les prochains jours ma démission aux Conseils d'administration d'Air France et d'Air France-KLM", a déclaré Jean-Marc Janaillac, regrettant un "immense gâchis".

Les syndicats préviennent que le conflit continue 

La fin de la consultation des salariés et le départ de Jean-Marc Janaillac ne signe cependant pas la fin du conflit social, comme l'indiquent plusieurs syndicats de la compagnie. 

"Ce résultat est une grande victoire", s'est félicité Joël Le Jeannic, responsable du syndicat Sud Aérien Air France sur l'antenne de BFMTV. "Janaillac a ce qu'il mérite. Depuis le début il n'écoute pas les salariés et il tourne en boucle", a-t-il commenté. 

"Les salariés veulent un retour de leurs efforts, ils en ont assez du blocage de leurs salaires alors qu'il y a des richesses qui s'accumulent. Il faut arrêter cette société à deux vitesse", a souligné Joël Le Jeannic. "Les dirigeants d'Air France sont toujours là, nous on veut des réponses donc le conflit continue", a-t-il assuré. 

Une période de trouble pour la compagnie 

"On regrette la démission de notre président, mais le dialogue social n'est pas une option. Les salariés sont mécontents", estime pour sa part Yannick Le Floc'h, vice président du SNPL. Selon lui, la compagnie "peut rebondir si on cherche les voies du dialogue".

Du côté des non-grévistes, la CFDT a affirmé que le départ du PDG "augure d'une période trouble pour notre compagnie et d'une grave crise de gouvernance dont Air France n'a pas les moyens, eu égard à l'environnement économique et concurrentiel dans lequel évolue Air France". "La CFDT entend l'avis exprimé par une majorité de salariés et ne signera donc pas l'accord salarial pluriannuel proposé".

Dans un communiqué commun, Élisabeth Borne et Bruno Le Maire "saluent le courage de Jean-Marc Janaillac et le travail de redressement qu’il a mené
depuis deux ans au sein du groupe". La ministre des Transports et le ministre de l'Économie rappellent que "le groupe a des atouts solides mais aussi de nombreux défis à relever dans un marché très compétitif."

A.M. avec AFP