BFM Business
Transports

Coup de frein chez Aston Martin

Malgré une hausse des ventes, Aston Martin est en pertes au 1er trimestre, à cause de frais financiers et de la baisse des livraisons de voitures en série limitée.

Malgré une hausse des ventes, Aston Martin est en pertes au 1er trimestre, à cause de frais financiers et de la baisse des livraisons de voitures en série limitée. - Anna Webber / GETTY IMAGES NORTH AMERICA / AFP

Le constructeur britannique signe des pertes sur le 1er trimestre, et voit sa valorisation boursière chuter quasiment de moitié depuis son introduction en bourse.

L'automobile de grand luxe commencerait-elle à souffrir des tendances actuelles? En tout cas les résultats très négatifs d'Aston Martin ont jeté un froid, tant ce constructeur, membre de la haute élite automobile, semblait jusque-là totalement immunisé contre les turbulences du marché mondial. Et même contre les risques liés au Brexit, tant la marque Aston Martin peut espérer résister à cette éventualité quoi qu'il arrive.

Malgré une hausse de 6% de son chiffre d'affaires (196 millions de livres), Aston Martin a signé des pertes sur le 1er trimestre à 17 millions de livres avant impôts, contre un profit de 3 millions il y a un an. Et surtout, la marge opérationnelle extraordinaire d'Aston Martin se tasse légèrement, passant de 44 à 42%...

Inquiétudes sur le modèle économique

Certes, ces pertes sont dues en grande partie à des effets de base financiers. Le groupe, qui a été introduit en bourse en octobre dernier, a dû dépenser beaucoup d'argent pour financer son offre aux actionnaires. Un élément exceptionnel qui ne pèsera plus sur les comptes suivants. 

Mais quelques inquiétudes commencent à poindre autour d'Aston Martin et de son modèle économique. Pour preuve, précisément, un cours de bourse qui n'en finit pas de tomber depuis l'introduction, et qui baisse désormais de près de moitié (-45%).

Les Séries Spéciales en question

Andy Palmer, le charismatique patron du constructeur, se montre pourtant extrêmement confiant. « Au milieu d'un marché automobile mondial avec des volumes en baisse un peu partout, nous arrivons à conserver de la croissance » remarque-t-il. « Ca confirme notre positionnement de marque de luxe, résistante aux tendances actuelles » ajoute Andy Palmer.

Et pourtant... Si la profitabilité d'Aston Martin a été attaquée sur ce trimestre c'est aussi à cause de la chute des ventes des Séries Spéciales. Ces véhicules exclusifs, fabriqués à très peu d'exemplaires, sont l'apanage des constructeurs de très grand luxe comme Aston Martin, et assurent un niveau de profitabilité hors du commun. Mais de fait, la moindre variation sur le carnet de commandes peut avoir un effet très sensible sur la marge générale du groupe.

Marché mince et volatil

Les chiffres sont très parlants : Aston Martin n'a vendu que 32 de ces modèles spéciaux sur le trimestre écoulé, contre 48 sur le 1er trimestre 2018. Et l'effet sur la marge opérationnelle est visible : 2 points de perdus ! Elle se maintient tout de même à un niveau spectaculaire grâce aux ventes de modèles de plus grande série (tout est relatif, Aston Martin produit à l'heure actuelle 6.500 voitures par an...), mais connaît quelque secousses notables du fait de la volatilité du marché de ces modèles exclusifs.

Un marché très lucratif mais donc un peu plus agité, et même soumis à des effets saisonniers. Andy Palmer d'ailleurs espère une amélioration à ce niveau-là sur le deuxième semestre, qui devrait être bénéfique pour la profitabilité d'Aston Martin. L'allègement des frais financiers devrait aider. Pour le reste, Andy Palmer est confiant : « Nous sommes conscients de l'environnement complexe sur certains de nos marchés, mais tout cela a été pris en compte et nous restons fermes sur nos projections de livraisons. Nos prévisions restent inchangées », affirme-t-il.

Un défi pour les prochains mois

Malgré tout, et le cours de bourse en est témoin, Aston Martin est mis au défi, et prouve que même le secteur de l'ultra-haut de gamme peut connaître des contrecoups dans des marchés incertains comme jamais. Face à lui, à titre d'exemple, Ferrari connaît une trajectoire boursière bien plus convaincante, avec un gain de 42% depuis le 1er janvier, là où Aston en perd 32....

Le dernier constructeur britannique indépendant va donc connaître une période de test, et prouver le bien-fondé de sa machine économique auprès de ses investisseurs. Les prochains mois seront cruciaux.