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L’ouverturedu dimanche va-t-elle créer des emplois?

Les exemples américains et canadiens ne convainquent pas tous les économistes.

Les exemples américains et canadiens ne convainquent pas tous les économistes. - Mychele Daniau - AFP

Alors que Manuel Valls a annoncé lundi que la loi Macron permettra aux magasins d'ouvrir 12 dimanches par an, les économistes cherchent à analyser les conséquences possibles sur l'emploi. Les avis divergent.

L'idée qu'ouvrir les commerces le dimanche créerait des emplois ne fait définitivement pas l'unanimité. Après le patron de Carrefour lundi matin, c'est au tour de Serge Papin, PDG de Système U de se montrer plutôt sceptique vis-à-vis de la mesure, qui fera partie de la loi Macron, présentée en Conseil des ministres demain 10 décembre. 

Pourtant, l'exemple de pays comme les Etats-Unis, le Canada et les Pays-Bas paraît prometteur à Stéphane Carcillo, professeur associé au département Economie de Sciences-Po Paris et invité de BFM Business.

La légalisation du travail le dimanche s'y est faite progressivement, et selon lui, "comme ils ont appliqué la mesure de façon progressive, ville par ville, on peut comparer l'impact de ces mesures".

"L'emploi augmente dans le commerce de détail"

Ce fervent partisan du travail du dimanche encourage le gouvernement à ouvrir le plus de semaines possibles, alors que le premier ministre avance une ouverture de douze fois par an, et que le PS en réclame sept.

Dans les pays étudiés, "l'emploi augmentait dans le commerce de détail,le secteur le plus visé, et le nombre de dimanche compte", prévient-il. "Si on ouvre que deux ou trois dimanches de plus, l'impact sera très limité".

Jusqu'à 102.000 emplois créés

Le scepticisme des patrons de la grande distribution ne le décourage pas, et il maintient que, même en dehors des centres-villes, la mesure serait bonne pour l'emploi: "les grandes surfaces sont créatrices d'emploi. Il y a énormément de gens qui travaillent, non seulement en caisse mais également au stock".

1,7 million de personnes travaillent dans le commerce de détail, et en cas d'ouverture 52 semaines par an, entre 34.000 et 102.000 emplois pourraient être créés, selon les calculs du Figaro.

La mesure pourrait détruire des emplois

Mais d'autres études sont plus sceptiques face à la proposition. Le Centre de recherche pour l'étude et l'observation des conditions de vie (Crédoc) avait publié une étude sur le sujet en 2008. Elle se rangeait du côté des syndicats, en observant que certains emplois pourraient au contraire être détruits, mais de manière si marginale que ce phénomène est inclus dans sa marge d'erreurs.

Gérard Cornilleau, de l'OFCE, se montre encore plus radical. "Aujourd'hui, il n'y a pas de rationnement de la consommation, si ce n'est par le revenu", a-t-il déclaré lors d'un rassemblement du Front de Gauche. "Il n'y a aucune justification économique à cette volonté de modifier les horaires d'ouverture".

J.S