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Cryptomonnaie de Facebook: défections en cascade chez Libra

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- - FABRICE COFFRINI / AFP

Visa, Mastercard, eBay et Stripe annoncent qu'ils se retirent de Libra, portant un nouveau coup dur au projet de monnaie numérique de Facebook prévue pour mi-2020.

Une semaine après PayPal, les émetteurs de cartes bancaires Visa et Mastercard, la plateforme de commerce en ligne eBay et les services de paiement Stripe jettent l'éponge. Tous abandonnent le projet Libra qui rencontre l'opposition croissante des régulateurs.

« La composition de l'association peut s'élargir et changer avec le temps, mais les principes fondateurs de la gouvernance et de la technologie de Libra, tout comme la nature ouverte du projet, permettent d'assurer la résilience du réseau de paiement Libra », a réagi Dante Disparte, de l'association Libra. « Le voyage sera long et difficile », avait-il reconnu vendredi dernier après le retrait de PayPal, ajoutant alors qu'il fallait « de l'audace et une certaine force morale pour entreprendre un projet aussi ambitieux que Libra ».

Libra est censée offrir un nouveau mode de paiement en dehors des circuits bancaires traditionnels, permettant d'acheter des biens ou d'envoyer de l'argent aussi facilement qu'un message instantané. 

Mais le réseau social et ses partenaires subissent une pression croissante des autorités, qui s'inquiètent de potentielles utilisations malveillantes de la monnaie. Elles pointent aussi du doigt la mauvaise réputation du géant californien en matière de confidentialité et de protection des données personnelles.

Des garanties insuffisantes 

Facebook « n'a pas fourni de plan clair sur comment empêcher Libra de faciliter le financement d'activités criminelles et terroristes, déstabiliser le système financier mondial, interférer avec les politiques monétaires ou exposer les consommateurs à des risques qui n'affectent aujourd'hui que des investisseurs professionnels », ont écrit Brian Schatz et Sherrod Brown, deux sénateurs américains, dans une lettre adressée mardi à Stripe, Visa et Mastercard. Une lettre publiée par le site spécialisé The Verge.

Les deux sénateurs ont également mis la pression sur les partenaires de Libra: « Si vous restez dans le projet, vous pouvez vous attendre à des examens poussés de la part des régulateurs, non seulement des activités de paiement liées à Libra, mais aussi de toutes vos activités de paiement ».

Facebook a confié la gestion de la monnaie à l'association Libra, un consortium de partenaires qui devaient investir au moins 10 millions de dollars dans le projet chacun. Selon une source proche des organisations concernées, le Trésor américain leur avait envoyé des requêtes pour leur demander une revue complète de leurs programmes de lutte contre le blanchiment d'argent.

Mark Zuckerberg, le patron de Facebook, doit être entendu sur le projet le 23 octobre par une commission parlementaire américaine.

Sandrine Serais avec AFP