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Cybersécurité: "une formidable opportunité économique"

Selon Eduardo Rihan Cypel, député de Seine-et-Marne et membre de la Commission de la défense nationale et des Forces armées, "la cybersécurité est avant tout un enjeu de souveraineté nationale."

Selon Eduardo Rihan Cypel, député de Seine-et-Marne et membre de la Commission de la défense nationale et des Forces armées, "la cybersécurité est avant tout un enjeu de souveraineté nationale." - Coucouoeuf – Flickr – CC ; montage 01Net

Quelques jours après l’attaque de 19.000 sites Internet français par des islamistes, la question de la cybersécurité revient au premier plan des débats parlementaires. Interrogé par BFM Business, Eduardo Rihan Cypel, député de Seine-et-Marne et membre de la Commission de la défense nationale et des Forces armées, parle d’un sujet "stratégique" à "haut potentiel d’emplois."

Les cyberattaques doivent-elles faire changer le comportement d’acteurs comme l’Etat ou les entreprises ?

Face aux nouvelles menaces sur Internet, il faut s’adapter pour mieux protéger les structures vitales de la société, mais aussi les citoyens et les entreprises. C’est pourquoi la France a pris des mesures pour assurer la cyberdéfense. Car les dégâts ne sont pas seulement virtuels, ils sont aussi matériels. Des cyberattaques sont capables de faire dérailler des trains, perturber des réseaux de transports ou porter atteinte à des réseaux de distribution d’énergie.

Y a-t-il un intérêt économique à développer ses propres infrastructures de cybersécurité ?

La cybersécurité est un enjeu stratégique pour toutes les sociétés. Mais elle est également une formidable opportunité de développement économique. Si l’on parvient à organiser cette filière, on pourra créer de nouvelles activités, à haut potentiel d’emploi et de croissance. Nous devons nous donner les moyens de produire nous-mêmes nos matériaux et nos compétences dans le domaine de la cybersécurité. On ne peut pas dépendre uniquement d’entreprises étrangères comme on le fait aujourd’hui. Je crois que ce serait une opportunité supplémentaire pour la France.

L’Etat devrait-il alors être souverain en matière de cybersécurité ?

Oui, le succès de la cybersécurité est avant tout un enjeu de souveraineté nationale. Elle prémunit les entreprises contre les cyberattaques ou le cyber-espionnage. La France et l’Europe doivent dépendre d’opérateurs français et européens. Les libertés publiques et la protection des données personnelles des citoyens doivent être garanties.

Les entreprises françaises ont-elles pris toute la mesure de ces enjeux ?

Les grandes entreprises françaises l’ont compris parce qu’elles ont une place stratégique dans les secteurs de l’énergie, des transports ou de la banque. Mais beaucoup de PME qui sont dans le domaine de l’innovation ne se rendent pas compte du niveau stratégique de la sécurité informatique. Il est temps qu’elles en prennent conscience, d’autant plus qu’elles œuvrent dans l’innovation, dans la recherche et le développement.

Une sécurisation informatique accrue ne sera-t-elle pas un frein à l’innovation ?

On ne peut pas complètement être dans un monde de paranoïaques où on contrôle tout et on se cloisonne. Le monde informatique est un monde de réseaux et d’ouverture. Cela ne veut pas dire non plus que tout doit rester ouvert. Il faut trouver un juste équilibre. Je plaide pour que l’Europe se saisisse du sujet. L’Union européenne ne peut pas continuer à être une colonie numérique. C’est bien la souveraineté européenne qui est en jeu. Aujourd’hui l’Europe est trop dépendante de l’extérieur sur la question de la cybersécurité. Elle a besoin d’un immense plan d’investissement numérique. C’est un sujet urgent sur lequel nous avons déjà du retard.

Erwan Morice