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Dans le rouge, Nissan est contraint de revoir à la baisse ses objectifs annuels

Behrouz MEHRI / AFP

Behrouz MEHRI / AFP - -

Les ventes de véhicules ont encore chuté pour le constructeur japonais qui pourrait entamer de nouvelles restructurations.

Le constructeur automobile japonais Nissan a de nouveau abaissé jeudi ses prévisions 2019/20, face à une chute plus forte que prévu de ses ventes au troisième trimestre, et son patron a laissé entendre que des restructurations supplémentaires étaient inévitables.

Nissan espère désormais dégager un bénéfice net de 65 milliards de yens (544 millions d'euros) sur l'ensemble de l'exercice en cours qui s'achèvera le 31 mars, contre une précédente prévision de 110 milliards de yens.

Sur l'ensemble des neuf premiers de l'exercice, son bénéfice net a fondu de 87,6% sur un an à 39,3 milliards de yens.

Au troisième trimestre, son résultat net a même glissé dans le rouge à hauteur de 26,1 milliards de yens (-218,4 millions d'euros), contre un gain de 70,4 milliards de yens un an plus tôt.

Quatre usines à l'arrêt

L'allié du français Renault a aussi révisé en forte baisse sa prévision annuelle de bénéfice d'exploitation annuel, passée de 150 à 85 milliards de yens, et plus légèrement celle de son chiffre d'affaires annuel, révisée à 10.200 milliards de yens contre 10.600 milliards de yens auparavant.

En outre, ces prévisions "n'incluent pas l'impact potentiel du nouveau coronavirus", a averti le directeur général Makoto Uchida lors d'une conférence de presse au siège du groupe à Yokohama (sud-ouest de Tokyo).

Le groupe est déjà affecté par l'épidémie de Covid-19. Quatre de ses usines d'assemblage en Chine sont toujours à l'arrêt, le groupe espérant actuellement en redémarrer deux la semaine prochaine.

"Sincères excuses"

Nissan, qui avait déjà drastiquement réduit ses prévisions annuelles en novembre dernier, a aussi renoncé jeudi à payer un dividende à la fin de son exercice annuel. Ses actionnaires devront se contenter d'un maigre dividende intérimaire de 10 yens par action.

Arrivé à la tête du groupe le 1er décembre dernier, M. Uchida a adressé ses "sincères excuses aux actionnaires" au vu des résultats "plus faibles que prévu".

"Les volumes de ventes ont été inférieurs à nos attentes" au troisième trimestre, ce qui a été le "principal facteur" pour abaisser encore les prévisions annuelles, a expliqué M. Uchida.

Les ventes ont chuté de 17,8% sur un an au troisième trimestre, à 2.504,2 milliards de yens, faisant aussi fondre son bénéfice opérationnel trimestriel à 22,7 milliards de yens (-78%).

Le groupe a pu maintenir ses niveaux de ventes en volume en Chine sur le trimestre écoulé (-0,6%) mais elles ont fortement reculé aux Etats-Unis (-18,4%) et en Europe (-8,1%).

Ses ventes ont également été anémiques au Japon en octobre-décembre (-19,8%), le marché automobile local étant touché de plein fouet par le relèvement de la TVA dans le pays depuis le 1er octobre dernier.

Dommages-intérêts réclamés à Ghosn

Nissan souffre d'un manque de renouvellement de ses modèles et son déclin s'explique aussi en partie par sa rupture avec la stratégie de la course aux volumes depuis l'éviction brutale fin 2018 de Carlos Ghosn.

Le groupe a par ailleurs lancé l'an dernier un vaste plan de restructuration destiné à réduire ses capacités de production de 10% d'ici fin mars 2023, impliquant la suppression de 12.500 emplois dans le monde.

M. Uchida n'a pas livré jeudi de nouvelles mesures de restructuration. Mais il a de nouveau souligné que Nissan devait "faire davantage" pour réduire ses coûts fixes. "Comme nos volumes de ventes sont tombés aussi bas, je pense qu'il est nécessaire d'aller plus loin", a-t-il insisté.

Pour économiser des coûts, le groupe s'efforce en parallèle de relancer son alliance avec Renault et Mitsubishi Motors, qui a souffert depuis la chute de Carlos Ghosn, qui en était la clé de voûte.

Les trois constructeurs, aujourd'hui tous convalescents face à la crise mondiale de l'automobile, ont prévu de faire le point en mai sur leurs objectifs respectifs de moyen terme.

Nissan continue par ailleurs de régler ses comptes avec M. Ghosn, qu'il accuse de diverses malversations financières. Le constructeur a ainsi porté plainte mercredi devant un tribunal civil au Japon pour réclamer 10 milliards de yens (83 millions d'euros) de dommages-intérêts au magnat déchu de l'automobile, qui a fui en décembre dernier au Liban et qui rejette en bloc les accusations contre lui.

TL, avec l'AFP