Dans les autocars, deux tiers des places sont vides, mais…
Depuis le vote de la loi Macron sur la mobilité interurbaine, l’Arafer (Autorité de régulation des activités ferroviaires et routières) publie chaque trimestre un bilan des conséquences de la loi (PDF). En publiant son rapport le 21 mars, l’organisme a donné une information qui a semé le trouble. Le coefficient d’occupation des autocars n’a été que de 32% sur le dernier trimestre 2015.
Même si le régulateur précise que c’est un début et qu’entre le 3e et le 4e trimestre, ce taux a déjà progressé de 3%, beaucoup s'interrogent sur l’efficience de la libéralisation de ce secteur.
Dans Alternatives Économiques, Eric Vidalenc, un spécialiste des questions énergétiques, a voulu en savoir plus. "Des autocars aux 2/3 vides, cela ne semble pas très glorieux. Néanmoins est-ce bien ou mal dans l’absolu ?", s’interroge ce spécialiste.
Pour se faire une idée précise, il a comparé la consommation énergétique des autocars avec celle des voitures et des trains. Remplis à un tiers de leur capacité (soit 16 personnes en moyenne), les autocars ont une efficacité énergétique de 2,2 litres de carburant par voyageur sur 100 km sur la base d’une consommation de 35 litres au 100.
Voitures et trains efficaces sur les longues distances
La voiture pourrait consommer moins si ses sièges étaient tous occupés, ce qui n’est pas le cas. Le taux d’occupation moyen d’une voiture en France est de 1,22 personne, soit 25 à 30% de la place selon les modèles (5 ou 4 places). Sur une berline qui consomme entre 6 et 7 litres au 100, la consommation pour deux passagers est d’environ trois litres par personne pour 100 km parcourus. "Seul élément qui peut sauver la voiture: la longue distance aussi, où l’occupation peut monter à plus de deux", indique Eric Vidalenc.
Quant aux trains, ce n’est pas mieux. Le sur-entassement de passagers n’est vrai qu’aux heures de pointe, car en moyenne, le taux d’occupation est inférieur à 25%. "La nuit et en fin de service, ils circulent quasiment vides pour apporter une continuité de service", explique Eric Vidalenc qui admet que seuls les trains longue distance sont plus performants que les autocars. "Surtout si l’on tient compte du fait que la plupart de ces trains sont électrifiés…et donc émettent d’autant moins de CO2 que le mix électrique est décarboné."
Ainsi, même rempli à un tiers, l’autocar reste sur des distances courtes ou moyennes le moyen de transport le plus efficace en terme de consommation par personne. "Vu la performance des autres moyens de transport, instruire le procès énergétique et environnemental de l’autocar est compliqué", conclut le spécialiste.