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Data scientists, ces rock-stars du numérique que l'on s’arrache

Pour Stéphanie Delestre (Qapa.fr), c’est un métier pénurique. L’offre est pléthorique, mais les bons profils disponibles se comptent sur les doigts d’une main.

Pour Stéphanie Delestre (Qapa.fr), c’est un métier pénurique. L’offre est pléthorique, mais les bons profils disponibles se comptent sur les doigts d’une main. - Christof Stache - AFP

"Les data scientists ont le vent en poupe. Leur connaissance du big data est précieuse, ils sont peu nombreux et la demande explose, aussi bien dans les start-up que dans les grands groupes qui se les arrachent à prix d’or."

Ils ne sont encore qu’une poignée, mais ils sont devenus indispensables dans les sociétés qui mettent en place des stratégies numériques. Les entreprises, grandes ou petites, sont prêtes à les payer à prix d’or pour s’offrir leurs compétences. Ces perles rares, ce sont les data scientists.

Ce terme un peu obscur désigne ces professionnels capables de plonger dans les données stockées dans le big data pour sortir des prédictions qui permettront aux entreprises de définir des stratégies ou aux états de prévoir les événements majeurs. Et pour cela, ces scientifiques sont familiers avec les statistiques, la programmation informatique et l’analyse.

Pour Arnaud Laroche, associé chez Ernst & Young, ce métier est issu des statistiques, mais dans sa forme actuelle, il existe depuis seulement 4 ou 5 ans. "En fait, il ne s’agit pas d’un nouveau métier, c’est surtout l’évolution numérique des statisticiens. Le monde s’est transformé, mais il y a aussi eu une prise de conscience des entreprises de la valeur des données qui sont devenues ce qu'on appelle un actif stratégique. Aujourd’hui, le data scientist est là pour transformer les business model et la société. Leur succès provient d’un buzz marketing, mais aussi d’une réalité de notre société qui est faite de données."

Des revenus qui atteignent 1.000 dollars par jour

Ces experts sont désormais la cible de tous les recruteurs, bien plus que les programmeurs dont le nombre explose année après année. "C’est la rareté qui veut ça", indique Stéphanie Delestre, cofondatrice et présidente de Qapa.fr. "On en compte seulement un millier en France, une goutte d’eau par rapport à une demande qui explose. On se les arrache de partout. Des recruteurs viennent des États-Unis chercher nos talents dès leur entrée dans les écoles d’ingénieurs. Ils leur vendent le métier et un poste dans la Silicon Valley à la fin de leur cursus avec un salaire mirobolant."

Et aux États-Unis, la profession a vraiment du succès. Ils seraient déjà 15.000 à l’exercer et leur nombre ne cesse d’augmenter sans pouvoir combler les offres. Les jeunes diplômés la mettent déjà en tête de leurs ambitions professionnelles. Selon le classement annuel des métiers préférés des jeunes de CareerCast, il est déjà en tête des métiers tous secteurs confondus. Et le salaire n’y est pas pour rien. Selon le cabinet, le salaire moyen est de 128.240 dollars, soit 113.000 euros.

En France, on n’en est pas encore là, mais nous n’en sommes pas loin. Un débutant gagne entre 40.000 et 50.000 euros dès sa première expérience professionnelle. "C’est énorme pour un premier emploi, mais surtout passé cette période, il n’y a plus vraiment de prix", assure Stéphanie Delestre. "Dans la banque assurance, les salaires explosent, une consultation coûte plusieurs milliers de dollars la journée. C’est un métier rare, mais aussi pénurique. L’offre est pléthorique, mais les bons profils disponibles se comptent sur les doigts d’une main."

Conscient de ce manque, le gouvernement a pris les choses en main. Il évalue qu’il faudrait 10.000 spécialistes en 2018, soit dix fois plus qu’aujourd’hui. Et pour les former, le FUN (France Université Numérique) propose de se former gratuitement avec des Moocs gérés par le ministère de l’éducation nationale. Est-ce suffisant pour atteindre l’objectif?

Pascal Samama
https://twitter.com/PascalSamama Pascal Samama Journaliste BFM Éco